En 2107, la Chine a brutalement décidé qu’elle n’importerait plus une seule tonne de déchets en plastique. Dès 2018, elle a fermé ses frontières aux conteneurs qui partaient d’Europe, d’Australie, des États-Unis. Quatre ans plus tard, des économistes font le bilan de cette décision.
On peut le lire dans une note publiée par l’Institut des politiques publiques. C’est Isabelle Méjean, prof d’économie à L’Ecole Polytechnique et spécialiste du commerce international qui a tenu la plume avec trois de ses collègues.
On peut se demander pourquoi elle s’est emparée du sujet. Pour deux raisons. D'abord c'est un concours de circonstances : l’Ecole Polytechnique conçoit des modules de formation pour les entreprises, ce qui a amené Isabelle Méjean à préparer un cours pour des cadres de la plasturgie. L’autre raison c’est que les seules statistiques vraiment fiables sur les déchets plastiques sont celles du commerce international.
On manque de données domestiques. On est par exemple incapables de mesurer aujourd’hui l’évolution de la production de déchets plastiques en France. Il est donc difficile de dire si la première conséquence de la décision de la Chine, celle qu’on aimerait voir, c’est une diminution de ces déchets.
Que montre l’étude alors ?
Un effondrement mécanique du commerce mondial de déchets. Dès 2018, il a été divisé par deux. Mais il n’a pas disparu. La moitié des déchets a été réorientée vers d’autres pays comme la Malaisie ou des pays beaucoup plus pauvres, avec des risques d’enfouissement.
On n’a fait que déplacer le problème. Tant et si bien que l’Europe a dû à son tour réagir. Et depuis le 1er janvier, la Commission interdit les exportations de déchets difficiles à recycler vers les pays non OCDE c’est-à-dire les pays peu industrialisés.
On a aussi vu une augmentation du traitement de ces déchets à l’intérieur de l’Europe dans chaque pays, avec une spécialisation. La Belgique sert de plateforme. L’Allemagne et les Pays-Bas prennent les déchets pas chers: ils s’en servent pour les brûler et produire une énergie dite verte, car elle vient du recyclage.
L’Italie et l’Espagne se saisissent des déchets les plus chers. Leurs capacités de recyclage sont a priori moins saturées, mais Interpol a aussi pisté en Italie des filières illégales, un commerce mafieux et dangereux.
Et ça risque d’être encore pire maintenant ?
Oui c’est généralement le cas lorsqu’on durcit les règles sans investir. Tout l’intérêt de la note de l’IPP est là : elle donne des pistes pour agir vite, en utilisant le Green deal européen qui se décline en plans de relance nationaux.
Si on veut que les déchets soient bien utilisés, il faut renforcer les centres ou usines de tri et de traitement locaux.
Il faut aussi s'attaquer à la “frontière technologique”, car on ne sait pas transformer les billes de plastique recyclé en plastiques technologiques, ceux que l’on produit en Europe, comme les plastiques anti-UV. Il y a tout un champ à explorer. Et vite.
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