On a bien compris le “quoi qu’il en coûte” d’Emmanuel Macron pour aider les commerces et les restaurants fermés, mais tout de même, la dette commence à inquiéter Olivier Dussopt, le ministre délégué aux comptes publics. Hier il a confirmé la mise en place d’une commission sur ce sujet
C’est un vieux réflexe de Bercy : surtout ne pas laisser croire qu’on peut dépenser, qu’il y a de l’argent facile. Olivier Dussopt prévient donc ceux qui pensent qu’on ne remboursera pas la dette: « c’est un débat d’illusionnistes».
Mais avec cette commission Théodule, c’est un peu lui qui fait figure d’illusionniste. Il a, en réalité, trouvé le moyen de ne rien faire sur la dette tout en donnant l’impression de s’activer.
Il espère rassurer les Français qui s’inquiètent. C’est très politique, car ils sont nombreux. Selon un sondage IFOP, 86% s’attendent à une hausse d’impôt dans les années qui viennent pour rembourser la dette.
Qu’est ce qui vous fait dire que cette Commission est surtout un outil de communication plus qu’un véritable outil de réflexion ?
Sa composition, tout simplement. Pour l’instant, on n’y trouve aucun des économistes qui planchent vraiment sur cette question, ceux que Bruno Le Maire consulte régulièrement. Elle n’associe pas non plus les jeunes chercheurs de l’Ecole d’économie de Paris et de Sciences po, qui travaillent sur l’efficacité des politiques publiques. Pas non plus de parlementaire affuté sur la question.
Ce sont plutôt des ex: Laurence Parisot, ex patronne du Medef, Augustin de Romanet, ex directeur du budget aujourd’hui patron d’Aéroports de Paris, Jean Arthuis et Marisol Touraine, ex-ministres. Avec une exception: une économiste italo-suisse qui a travaillé pour la chancelière Merkel. Un petit message à nos voisins allemands...
Et que va-t-on faire pour la dette ?
Pour l’instant, il n’y a pas de pression de la Commission européenne, ni du Fonds monétaire international, ni même des marchés financiers. Pour financer les dépenses Covid, l’Etat s’endette, mais cette dette est quasi immédiatement achetée par la Banque de France, pour le compte de la Banque centrale européenne.
La Banque de France la paie en créant de la monnaie. Il y a donc, c’est vrai, beaucoup plus de monnaie en circulation. Dans les années 70, cette monnaie supplémentaire se serait sans doute transformée en inflation. Là ce n’est pas le cas. En revanche, il y a des bulles: bulle boursière, bulle immobilière dans certaines villes…
Il faut donc s’interroger dès maintenant sur ce qui se passera une fois que la crise Covid sera passée et que la Banque de France arrêtera d’acheter la dette de l’Etat, sans doute fin 2022 ou en 2023. Là il faudra séduire de vrais investisseurs. Pour cela, il faut un Etat efficace, qui dépense à bon escient, et une économie compétitive. Pas une énième commission.
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