

Danone et ses 100 000 salariés ont un nouveau président, Gilles Schnepp. Il succède à Emmanuel Faber qui, en l’espace de 15 jours, a perdu la direction générale de l’entreprise puis la présidence du conseil d’administration. Qui est ce nouveau patron de Danone ?
C’est un industriel mais il ne connaît rien aux yaourts, à l’eau minérale ou à la nutrition pour bébé. Sa première mission sera donc de recruter un directeur ou une directrice générale. Lui sera président du Conseil d'administration, non exécutif donc. Gilles Schnepp a fait l’essentiel de sa carrière chez Legrand, la grande entreprise de Limoges, spécialisée dans le matériel électrique. Il a redressé ce groupe secoué après l’échec de sa fusion avec Schneider.
Il en a été le PDG pendant douze ans. Jusqu’à ses soixante ans. Là il a organisé une transition en douceur: en février 2018, il a d’abord cédé la direction générale à Benoît Coquart 45 ans à l’époque, puis, deux ans plus tard, il a laissé la présidence du conseil d’administration à une femme, Angeles Garcia-Poveda.
Cette transition en douceur, bien organisée, mais aussi un cours de Bourse qui a triplé lorsqu’il était aux manettes, cela plaît aux actionnaires. Hier le cours de l’action Danone a monté .
On revient toujours au cours de Bourse. C’est ce que voulait changer Emmanuel Faber, non…
C’est vrai qu’il avait convaincu ses actionnaires de voter le statut d'entreprise à mission, c’est-à-dire d’accepter que la rentabilité financière ne soit pas la seule priorité de Danone mais que l’entreprise s’occupe aussi de promouvoir une agriculture régénératrice, des produits sains et une politique sociale forte.
Cela pouvait déranger certains, mais pas Gilles Schnepp. Rien ne l’obligeait à entrer au conseil de Danone à l’automne: il était déjà administrateur de Saint Gobain et de Sanofi. Et le magazine Challenges estime sa fortune à 160 millions d’euros.
Mais s’il est infiniment plus discret qu'Emmanuel Faber, il est aussi attaché aux valeurs environnementales. L’ONG Oxfam estime d’ailleurs que Legrand est l’une des trois seules entreprises du CAC 40 à réduire suffisamment les émissions de carbone pour respecter l’accord de Paris sur le climat. Ce qui n’est pas encore le cas de Danone.
Gilles Schnepp n’est donc pas qu’un capitaliste brutal mis en place par les financiers ?
Ce n’est pas le style des dirigeants de Legrand. Leur rémunération dépend à 15% d’objectifs sociaux et environnements. Le groupe a deux salariés à son conseil d’administration. Ses syndicats notent qu’il n’y a jamais eu de plan social.
Alors Gilles Schnepp sera-t-il aussi ambitieux et plus efficace que Faber pour réformer l’entreprise capitaliste ? Une personne lui laisse le bénéfice du doute : Pascal Lamy, qui préside le comité de mission de Danone. Il avait menacé de partir avec Emmanuel Faber. Finalement, il reste. Au moins quelques mois.
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