

Lundi, alors que Vincent Lindon était l’invité du 7/9 pour parler du film de Stéphane Brizé “Un autre monde”, une auditrice a témoigné à l’antenne de son expérience. Une journaliste de L'Obs l'a rencontrée.
Dans ce film, Vincent Lindon incarne un cadre sous pression, qui doit faire un plan social alors que son entreprise est profitable et qui ne supporte plus les injonctions contradictoires de sa direction.
En voyant la bande-annonce et en écoutant l’acteur, cette auditrice a reconnu la situation qu’elle avait vécue avec son mari, cadre dans les télécoms. Dans son cas, malheureusement, cela a poussé son époux au pire : au suicide.
Natacha Tatu qui est journaliste à L’Obs a voulu en savoir plus. Elle est donc allée voir Marie-Pierre à Poitiers. Et, même si le drame remonte à novembre 2006, son témoignage doit être lu avec la plus grande attention.
Il est d’une incroyable actualité à cause de ces changements hyper rapides que l’on voit dans le monde du travail depuis la pandémie de Covid.
Que voulez-vous dire ?
Et bien, la bascule vers le numérique s’accélère et de plus en plus de personnes passent d’un métier concret - technique ou commercial - à une fonction qui peut les coller des heures derrière un écran. Or même si la mutation se fait sans changer d’entreprise ou d’administration, elle n’est pas simple. Elle n’est simple pour personne.
Or c’est une mutation de ce type qui est au cœur du drame du mari de Marie-Pierre : il encadrait d’anciens techniciens des télécoms transférés dans un centre d’appel téléphonique, pour faire du placement de produit. Il fallait à la fois les aider et leur mettre toujours plus de pression.
Mais la descente aux enfers de ce cadre a vraiment commencé quand on lui a annoncé par téléphone une réorganisation majeure qui remettait en cause son poste.
Or aujourd’hui avec le télétravail, on ne compte plus le nombre d'annonces importantes faites au téléphone, par visioconférence ou même par mail. Ce qui ne permet pas toujours d’appréhender correctement les réactions humaines.
Malgré tout, ce témoignage est porteur d’espoir, selon vous ?
Absolument, il est salutaire. Car il peut permettre à ceux qui sont sous pression, à qui on demande de faire toujours plus avec moins, de ne pas se sentir coupables, d’oser mettre en cause l’organisation, de demander de l’aide.
On peut aujourd’hui parler de son épuisement professionnel, le fameux burn-out, sans honte.
L’Association nationale des DRH (ANDRH) a d’ailleurs organisé, avec l’APEC, une projection du film de Stéphane Brizé pour ses adhérents dès le 9 février. Ils sont ressortis secoués. On compte sur leur vigilance.
Vous pourrez retrouver ce témoignage dès 7 heures sur le site de L’Obs
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