Salaires : le dialogue social patine, la grogne monte

Même dans la grande distribution, la grogne monte. Ici grève en avril 2021
Même dans la grande distribution, la grogne monte. Ici grève en avril 2021 ©Getty - Denis Thaust/SOPA Images/LightRocket
Même dans la grande distribution, la grogne monte. Ici grève en avril 2021 ©Getty - Denis Thaust/SOPA Images/LightRocket
Même dans la grande distribution, la grogne monte. Ici grève en avril 2021 ©Getty - Denis Thaust/SOPA Images/LightRocket
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Les revendications salariales montent en France. Avec des mouvements de grève, que la ministre du travail Elisabeth Borne surveille, un peu agacée par la mauvaise qualité du dialogue social…

Ca gronde  et on voit des grèves dans des sociétés où les salariés n’avaient jamais protesté comme ça avant. Un des secteurs les plus agités, c’est celui de l’agro-alimentaire, qui a travaillé dur pendant le confinement,  en présentiel, pendant que d’autres étaient au chômage partiel ou en télétravail. 

On a vu des débrayages chez Labeyrie, dans les Landes, chez le volailler Maître Coq, en Vendée, chez Nor’Pain (La Boulangère), en Seine-Maritime. On pourrait ajouter un mouvement chez Bergams, qui fabrique des sandwichs, à Grigny, tellement long que l’entreprise est en liquidation.  

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On débraye aussi dans la distribution 

Alors pourquoi  dans ces secteurs? Entre autres parce que les premiers échelons de leur grille de salaire se retrouvent écrasés au niveau du smic, voire en dessous. Il y a au moins 45 branches professionnelles concernées.

Mais ça ne veut quand même pas dire que certains salariés de ces branches sont payés moins que le salaire minimum, ce serait contraire à la loi ? 

Effectivement L’entreprise est tenue de compenser la différence entre la grille de la branche et le smic. Mais ça veut dire que lorsqu’un salarié qui commence à la base et  grimpe les échelons grâce à l’ancienneté ou à ses qualifications, l’employeur n’est pas obligé de l’augmenter plus que la hausse du smic.

Certaines branches ont 8 échelons en dessous du smic. C’est le cas de la coiffure par exemple. Ce n’est pas très motivant pour les salariés, même si certaines entreprises se comportent mieux que d’autres. 

Le ministère du travail exhorte donc les branches à ouvrir des négociations pour revoir ces grilles. Il y a beaucoup de discussions en cours. Mais côté patronal, ça traîne des pieds, ce que regrette Elisabeth Borne. Elle le souligne aussi que souvent les syndicats de salariés sont trop faibles. 

Derrière les grèves, il y a pourtant bien des syndicats ? 

Oui dans les grandes entreprises comme EDF. Mais dans les entreprises moyennes, le mouvement part souvent des salariés et les syndicats suivent. 

Dans les branches artisanales où il y a beaucoup de très petites entreprises - coiffure, cafés hôtels restaurants, bâtiment… -, ils ne sont pas très représentatifs: à peine plus de 5% de participation des salariés aux dernières élections, en avril, et un seul syndicat en hausse, l’UNSA. 

Cela dit, ce gouvernement, au début du quinquennat, a tout fait pour affaiblir les branches sectorielles. Aujourd’hui tout le monde y perd. Les négociations patinent et dans les très petites entreprises du bâtiment, de la coiffure, de la restauration, les salariés ne font pas grève, mais ils changent de secteur.