"Squid Game", la série hyper rentable de Netflix

Mais c’est une autre donnée, secrète, qui fait couler beaucoup d’encre : la valeur de la série Squid Game.

La réputation de Netflix c’est d’avoir une culture de la transparence en interne, pour encourager l’initiative et l’émulation. Les équipes ont donc beaucoup de données sur les programmes, leur coût, leur succès, mais rien ne doit filtrer à l’extérieur. 

Sauf que depuis quelques jours, on en sait un peu plus

Il y a eu une révolte des salariés  - en particulier de ceux qui se battent contre l’homophobie ou la transphobie - et qui aimeraient que la plateforme cesse de produire, voire déprogramme, l’humoriste noir Dave Chappelle pour ses blagues jugées transphobes et homophobes.

Et pour toucher la direction là où ça fait le plus mal - c’est-à-dire au porte-monnaie - ils ont utilisé des arguments économiques, qui ont fuité et que l’agence d’informations Bloomberg a récupérés. 

On sait maintenant que la rentabilité de Dave Chappelle n’arrive pas à la cheville de la série événement, Squid Games. 

Comment évalue-t-on la performance économique d’une série sur Netflix ? 

Si vous prenez un film produit par Disney, vous pouvez mesurer le box-office, le nombre d’entrées en salle : un gros succès avant le Covid, c’est un milliard de dollars - 860 millions d’euros - de recettes. 

Pour une chaîne de télé classique, on peut mesurer la rentabilité d’un programme aux recettes publicitaires qu’il génère

Netflix - qui vend des abonnements - a dû inventer un savant calcul pour mesurer son “box office”, la “valeur d’impact”

On n’en connaît pas précisément les détails, mais on pense qu’il prend en compte le nombre de spectateurs qui regardent un programme, donne plus de poids à ceux qui ne regardent rien d’autre car on peut se dire qu’ils ont pris ou renouvelé leur abonnement pour ce programme-là, et tout ça est pondéré par le temps passé devant le programme. Netflix sait tout ça. 

Un spectacle de Dave Chappelle  ou l’ensemble des neuf épisodes de Squid Games coûtent à peu près la même chose : une vingtaine de millions d’euros. Mais le show de l’humoriste n’aurait rapporté que 0,8 fois ce montant. 

Il est en perte donc. Tandis que la série dystopique coréenne - très violente et interdite aux moins de 16 ans - aurait rapporté 42 fois son coût total. 

42 fois c’est énorme. Cela fait 773 millions d’euros, pas loin d’un gros film Disney

C’est le plus gros succès de Netflix, devant la Chronique des Bridgerton. Il faut dire qu’en 23 jours, la série - une fable sur les inégalités- a déjà été vue par 132 millions de téléspectateurs, dont 117 millions ont vu plus d’un épisode et 87 millions ont vu les neuf. Et ça a fait bondir l’action Netflix.