

D’ici 2033, le constructeur automobile allemand Audi ne produira plus de moteurs thermique. C’est ce qu’il a annoncé hier. La conversion au tout électrique va très vite. Il faudra de plus en plus de batteries. Est-ce que l’Europe est elle prête ?
C’est un domaine dans lequel nous étions totalement distancés par la Chine et où la seule société occidentale qui tirait son épingle du jeu, c’était Tesla. Or la batterie, c’est 40% de la valeur d’un véhicule électrique.
Mais tout cela change très vite et, il faut bien le dire, avec un sérieux coup de pouce des pouvoirs publics. Fin 2017, une alliance européenne de la batterie a été créée, fédérant sept Etats et 600 industriels, sous l’égide du commissaire européen Maros Sefcovic, un slovaque qui s’occupe aujourd’hui du Brexit.
Un an plus tard, les ministres de l’économie français et allemand, Bruno Le Maire et Peter Altmaier ont donné à cette alliance une tournure très politique. Ils ont appelé à la constitution d’un Airbus des batteries, et ils ont mis 6 milliards d’euros sur la table.
Et alors il existe cet Airbus des batteries ?
Eh bien non. Mais il y a finalement mieux que cela. Selon l'ONG Transport & Environnement, l'Europe compte désormais 38 projets d'usines de batteries. C’est un investissement total de près de 40 milliards d’euros.
On retrouve des acteurs très différents qui n’ont pas formé un grand consortium européen, mais qui s’allient à géométrie variable. Dans ces acteurs, il y a des entrepreneurs, comme le suédois Northvolt et le français Verkor, deux sociétés fondées par des anciens de Tesla.
Northvolt, c’est déjà une licorne - c’est-à-dire une jeune société qui vaut plus d’un milliard de dollars. Elle construit une usine en Suède, en a d’autres en projet, et pourrait en faire 5 ou 6 avec Volkswagen. Elle va aussi s’associer à BMW et Mercedes.
Verkor, c’est une société grenobloise. Elle est associée à Schneider Electric et à Cap Gemini. Elle discute avec Renault. Elle veut être le Northvolt du sud…
Dans le projet initial d’Airbus des batteries, il y avait les deux constructeurs français pourtant et Total ? Qu’est-il devenu ?
Le projet ACC ne réunit finalement que Total avec sa filiale Saft et Stellantis (PSA-Fiat-Opel) avec des capitaux publics français et allemands. Il a deux projets d’usine: à Douvrin dans le Pas-de-Calais et en Allemagne. Et un site pilote à Nersac en Charente.
Renault parle avec Verkor, mais avance vite avec un partenaire chinois, Envision, à Douai notamment. Les Chinois s’implantent d’ailleurs en Europe, car ça évite de transporter des batteries qui pèsent entre 200 et 600 kilos.
Donc pas d’Airbus, mais en deux ans, l’Europe qui semblait condamnée, est devenue un carrefour mondial de la batterie, numéro un en termes d’investissements avec en plus de solides programmes de recherche. Alors une petite expression toute faite, pour Daniel, quand on veut on peut !
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