L’objectif de cet appel lancé par deux économistes, Alain Grandjean et Gaël Giraud, c’est de demander au gouvernement de lancer d’urgence un grand programme d’investissement public en faveur de la transition écologique. Mais aussi de sortir ces investissements du calcul du déficit budgétaire.
La fameuse règle européenne des 3% du PIB. S’il y a urgence pour les signataires de l’appel, c’est que la canicule qui a frappé l’Europe cet été, avec ses incendies géants, ses inondations, est un avant-goût de la catastrophe écologique globale qui se prépare, si l’on continue à ne rien faire. La France a affiché de grandes ambitions dans la lutte contre le réchauffement climatique mais elle est loin d'être exemplaire. C’est pourtant elle qui avait organisé en 2015 la COP 21, la grande réunion internationale qui a abouti à l’Accord de Paris : 196 pays s’étaient engagés à contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés. Or, nos émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 3 % l’année dernière, alors que le respect de l’Accord de Paris impose qu’elles baissent de 5 % par an. Le problème, c’est le décalage entre l’ampleur des défis et la réalité des politiques mises en œuvre. C’est ce que soulignait Nicolas Hulot sur l’antenne de France Inter, lorsqu’il a annoncé sa démission.
Comment concilier cet effort pour le climat avec la baisse des dépenses publiques ?
Sur le plan budgétaire, le gouvernement a grillé toutes ses cartouches en baissant la fiscalité sur les entreprises et les plus riches. Comme la croissance ralentit, l’exécutif est contraint de serrer la vis de l’ensemble des dépenses publiques pour rester en dessous de la barre des 3 % de déficit budgétaire. Le ministère de l’environnement, comme les autres ministères, est mis à contribution pour économiser un million d’euros par ci, un million d’euros par là. Alors qu’une des conditions pour atteindre nos objectifs climatiques, ça serait que l’État double son effort actuel d’investissement dans la transition écologique, de 10 à 20 milliards d’euros par an.
Est-ce que les signataires de cet appel ont une chance d’être entendus ?
On verra les garanties que le nouveau ou la nouvelle ministre de la transition écologique aura obtenues d’Emmanuel Macron. Mais honnêtement, cela va être compliqué au niveau européen de faire avaler à des pays comme l’Allemagne l’idée de faire une exception à la règle des 3% de déficit, même pour le bien de la planète. Une chose est sûre, comme le soulignent Alain Grandjean et Gaël Giraud, on ne fera pas plus d’écologie, avec moins de moyens.
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