L’agence d’information financière Bloomberg établit chaque trimestre un classement des économistes qui font les prévisions les plus justes. Et pour le 26ème trimestre consécutif, le meilleur est un Français, Christophe Barraud. Qui est-il ? Comment devient-on le meilleur prévisionniste ?
Il est dans le haut du classement Bloomberg depuis 2012. Il a 34 ans et il travaille à Paris, pour le courtier britannique, Market Securities. Il a grandi à Saint-Laurent du Var et il est resté sur la Côte d’Azur jusqu’à 20 ans, jusqu’à ce qu’il rejoigne le fameux Master 104 de l’Université Paris-Dauphine, réputé dans le monde entier pour former des as de la finance.
Christophe Barraud a fait sa thèse sur les liens entre marchés financiers et paris sportifs. C’est là que le démon de la prévision l’a attrapé.
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Il a remarqué qu’en faisant des prévisions justes, que l'on retrouve sur son blog christophe-barraud.com on pouvait gagner beaucoup d’argent.
Comment fait-il pour tomber plus juste que les autres ? J’imagine qu’il y a beaucoup de concurrence dans ce classement…
Oui il y a à peu près 90 banques, y compris des très réputées comme Goldman Sachs, qui arrive en dixième position. Le truc de Christophe Barraud, c’est d’essayer de savoir ce qui se passe en temps réel. Il regarde par exemple en direct les émissions de CO2.
Il traque aussi les images par satellite. On peut récupérer comme ça des photos de parkings de supermarché et en fonction du nombre de voitures, il devine comment évolue la consommation. Il recoupe ça avec des données de cartes de crédit. Et il cherche des sources spécialisées comme le cabinet MKG Consulting, spécialiste du tourisme et de l’hôtellerie, qui suit les réservations en temps réel.
Il décortique aussi toutes les déclarations de PDG. Ou le cours de Bourse des sociétés de transport maritime, qui sont un indicateur infaillible du commerce mondial. Et de ce côté là tout va bien…
Alors justement, comment voit-il l’économie mondiale et surtout l’économie française ?
Plutôt bien. Christophe Barraud constate que la demande est repartie plus fort qu’avant le Covid et comme les entreprises avaient diminué leurs stocks et cessé d’investir, il y a un fort goulot d’étranglement. ça provoque même des hausses de prix.
Les PDG américains parlent donc de plus en plus du retour de l’inflation. Y compris sur les salaires.
Il faut dire qu’aux Etats-Unis, les offres d’emplois sont 22% au-dessus du marché pré-Covid. Amazon a même décidé d’augmenter 500 000 salariés.
Côté français, il table aussi sur un fort rebond, avec une croissance de 6% cette année, un point de plus que le gouvernement. Mais il ne va pas au-delà de 2021. Car deux éléments rendent la prévision impossible, selon lui: les variants du virus et les incertitudes politiques et sociales. En fin d’année, il voit se combiner une hausse des prix alimentaires et des inégalités flagrantes post-Covid. Un cocktail qui peut être explosif.
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