La faillite de Thomas Cook : quel rôle a joué la finance ?

Thomas Cook, voyagiste en faillite
Thomas Cook, voyagiste en faillite ©Getty -  Sean Gallup
Thomas Cook, voyagiste en faillite ©Getty - Sean Gallup
Thomas Cook, voyagiste en faillite ©Getty - Sean Gallup
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La semaine dernière, le voyagiste Thomas Cook était en négociation avec ses créanciers pour restructurer sa dette. Les financiers ont-ils précipité sa chute ?

Il faut être honnête, la finance n’est pas responsable de cette débâcle. Le problème, c’est d’abord un modèle industriel qui n’a pas su s’adapter à la révolution digitale.  

C’est d’ailleurs une leçon que doivent retenir toutes les entreprises, même celles des secteurs en croissance ou celles qui se croient protégées. 

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Le deuxième responsable, c’est évidemment le Brexit : dans l’incertitude, avec une monnaie en baisse, les clients britanniques de Thomas Cook ont moins voyagé. Le groupe avait un réseau d’agences, trop cher à amortir. Il a perdu le contrôle.

Pourtant les spéculateurs étaient nombreux à attendre la chute de l’entreprise

Il y a quelques années, pendant la crise grecque, vous avez peut-être entendu parler d’un produit financier sophistiqué, le CDS, ou credit default swap. On l’achète pour s’assurer contre la faillite d’un pays ou d’une entreprise. Il avait servi à spéculer contre la Grèce. 

Et bien le CDS est de retour. Certains investisseurs - les fonds spéculatifs- se spécialisent dans la recherche d’entreprises qui vont mal, achètent ces CDS, et attendent que la situation s’aggrave. En cas de faillite, ils font jouer l’assurance et c’est le jackpot pour eux. 

Dans le cas de Thomas Cook, ils ont mis beaucoup de pression sur les banques en prévenant qu’ils n’accepteraient pas un plan de sauvetage ric-rac. Ils ont joué et gagné. Ils parient déjà sur d’autres entreprises et sur la prochaine récession. Deuxième leçon de l’affaire Thomas Cook, la finance ne s’est pas complètement assagie. 

Thomas Cook avait un actionnaire chinois, qui était prêt à reprendre ses activités et à mettre cinq cents millions d’euros sur la table. Pourquoi cela n’a pas marché ? 

C’est la troisième leçon de cette affaire : il y a une limite à l’endettement, même avec les taux bas. C’est celle qu’a rencontré le fonds d’investissement de Shanghai, Fosun, qui était prêt à reprendre Thomas Cook.

En quelques années, Fosun a pris le contrôle du Club Med, une participation dans le Cirque du Soleil, dans la bière Tsingtao, dans la margarine Saint-Hubert, les collants Wolford, tous rangés dans sa division “bonheur des familles”. Il s’est beaucoup endetté. Le gouvernement chinois surveille et a dit stop.  

Le crédit facile, c’est très bien, mais comme les entreprises en ont bien profité, notamment en Chine, cela finit par rendre tout le monde un peu nerveux. 

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