La privatisation de la Française des Jeux

Jeux à gratter de la Française des jeux
Jeux à gratter de la Française des jeux ©AFP - Hugo Passarello Luna / Hans Lucas
Jeux à gratter de la Française des jeux ©AFP - Hugo Passarello Luna / Hans Lucas
Jeux à gratter de la Française des jeux ©AFP - Hugo Passarello Luna / Hans Lucas
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Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, l’a confirmé hier. La Française des Jeux va être privatisée en novembre, et tous les Français pourront acheter des actions. On est sûr d’être gagnant ?

Si vous cochez les promesses de campagne remplies par Emmanuel Macron depuis le début du quinquennat, vous aurez gagné une case ! C’est d’ailleurs ce que fait Bruno Le Maire. 

Si vous pensez que l’achat de quelques actions Française des Jeux en novembre peut réconcilier chaque Français avec la Bourse, alors là aussi je dis : banco !

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Mais pour le reste, c’est beaucoup moins clair. 

Ce matin, par exemple,  la FDJ lance un nouveau jeu de grattage “Mission patrimoine”, pour aider l’animateur Stéphane Bern à financer la restauration des monuments historiques. Est-ce qu’elle le ferait mieux si elle avait pour actionnaires des fonds d’investissement ou des particuliers, plutôt que l’Etat ? Pas évident. 

Autre question : il y a en France presque un million de personnes accros aux jeux de tirage ou de grattage. Est-ce qu’il y en aurait moins avec une FDJ privatisée ? On ne sait pas. 

Je comprendrais que le ministre des finances veuille privatiser pour faire rentrer de l’argent dans les caisses si il y avait urgence. Mais là il n’y en a pas : les taux d’intérêt sont très bas, voire négatifs, et ce n’est pas une rentrée de moins de 2 milliards d’euros qui fera la différence sur une dette de 2 400 milliards.  

Bruno le Maire dit et répète qu’il a besoin de cet argent pour financer des start up technologiques. Mais pourquoi ne pas plutôt garder les dividendes de la FDJ ? Cent millions d’euros par an tout de même en plus des 3,5 milliards de taxes sur les jeux.  

Et ce d’autant  la FDJ vient de gagner, avec les buralistes, un appel d’offre pour collecter l’impôt à la place du Trésor public quand les Français voudront payer par carte bancaire ou en espèces. Cela commencera à l’été 2020. 

Pourtant cette privatisation a été votée sans vague dans la loi Pacte. Toute l’opposition s’est concentrée sur celle d’Aéroports de Paris. Pourquoi ? 

Sans doute parce que l’Etat garde 20% du capital et qu’il veut “rendre le reste aux Français” comme dit Bruno Le Maire.

Mais cette indifférence est surprenante.  le socialiste Christian Eckert, ancien secrétaire d’Etat au budget de François Hollande, qui avait réussi à empêcher Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de mettre cette privatisation sur le tapis en 2014, a cette fois échoué à faire valoir ses arguments sur les risques d’addiction et de manipulation de l’Etat par des actionnaires privés. 

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