

On connaît le Brexit et la Covid, En les combinant, les Britanniques ont formé un nouveau mot-valise, le Brovid., qui désigne une perspective doublement angoissante : pas d'accord commercial avec l'Union sur fond de ralentissement économique à cause de la pandémie.
Le Brovid, nouveau mot valide à la mode à Londres, est une contraction de “Brexit with no deal” - une sortie de l’Union européenne sans accord commercial - et de “Covid”. Et ça n’augure rien de bon pour le pays et pour la reprise économique.
Regardons d’abord l’effet Covid. Hier, l’OCDE a indiqué que le recul de l’activité au deuxième trimestre avait été, en moyenne de 10% dans les pays industrialisés, mais de 20% au Royaume-Uni, la pire performance du G7. Pour mémoire, la France est à -13%.
Il y a surtout eu 42 000 décès outre-Manche, le plus lourd bilan d’Europe. Avec forcément beaucoup de polémiques.
Qu’est ce qu’on reproche au gouvernement de Boris Johnson ?
On lui reproche notamment d’avoir délégué beaucoup de missions au secteur privé pour gérer la crise médicale, le tout sans appel d’offres, avec des soupçons de favoritisme.
Un grand programme a par exemple été lancé pour tester 4 millions de Britanniques. Devinez qui le pilote ? Ce n’est pas le NHS, le système de santé public, mais le cabinet d’audit et de conseil Deloitte. On est pourtant très loin d’un sujet comptable. Le traçage des cas contacts a aussi été confié à des acteurs privés, avec un succès limité.
Et pourquoi reparle-t-on de Brexit sans accord ? Le Brexit est fait, non ?
L’accord de divorce a bien été signé et les Britanniques ont quitté la Commission et le Parlement européen. Mais nous n’avons pas encore écrit les règles de notre future relation commerciale avec eux.
Quels produits britanniques pourront être commercialisés en Europe et à quelles conditions ? Droits de douane ou pas ? Quelles seront les règles pour la pêche ? Tout cela doit être formalisé avant fin octobre pour que les Parlements aient le temps de ratifier le traité avant le 1er janvier, fin de la période de transition où les règles du marché unique s’appliquent encore.
Or Michel Barnier, le négociateur européen, a expliqué hier à l'université d’été du Medef, que les discussions n’avançaient pas. Et que l’Europe était déterminée à protéger son marché unique de tout risque de concurrence déloyale. “La naïveté, c’est fini”, a-t-il insisté.
Sans accord, il y aura des droits de douanes sur les produits britanniques entrant en Europe. Et vice versa. Mais ce sont les Britanniques qui ont le plus à perdre : 48% de leurs exportations partent vers l’Union européenne, alors que seulement 8% des exportations des 27 partent vers le Royaume-Uni. Le Brovid commence donc à inquiéter.
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