Le "budget vert" présenté par le gouvernement français : une première mondiale

France Inter
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C'est un vrai changement. L’idée a été lancée fin 2017 au moment du "One Planet Summit" à Paris. L’OCDE a proposé de réfléchir à une comptabilité écolo pour les pays. La France a aussitôt dit : banco. 

Il s’agit de mesurer l’impact sur l’environnement de toutes les dépenses et les recettes de l’Etat. Dit comme ça, ça paraît simple. Encore faut-il se mettre d’accord sur cet “impact”. En un temps record, nos hauts-fonctionnaires de l’Inspection des finances et de l’inspection des eaux et forêts ont proposé une méthode et fait une première évaluation.

Ils ont isolé six objectifs: la biodiversité, la lutte contre le changement climatique, la prévention des risques naturels, la gestion de l’eau, la gestion des déchets et enfin la lutte contre les pollutions.

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Ensuite, ils ont défini un code couleur, un peu comme le Nutri-Score qu’on retrouve sur les aliments. Quand une dépense contribue à améliorer plusieurs critères, elle est classée vert vif, si elle n’améliore qu’un critère, vert foncé ; si elle fait reculer un ou plusieurs objectifs, elle vire au marron.

Le premier “budget vert” s’intéresse à un quart des dépenses de l’Etat. Le reste est réputé “neutre”. Il passe donc au crible 73 milliards d’euros pour estimer leur impact. Le bilan : une bonne moitié a un effet positif, un tiers a un effet négatif. Certaines peuvent avoir un effet positif et négatif à la fois. Par exemple, les dépenses pour le nucléaire. Elles font  baisser les émissions de CO2, mais aggravent la gestion de déchets.

Où sont les dépenses les plus polluantes ?

Ce sont, de loin, les niches fiscales qui réduisent le prix des carburants pour certains usages ou certaines professions. Et côté ministères, le plus polluant est celui de la Défense : à lui seul, il représente la moitié des consommations énergétiques de l'Etat (notamment les véhicules et les bâtiments).

Côté vertueux, on peut citer l’enfouissement des lignes électriques haute tension, le soutien au ferroviaire, la rénovation thermique des bâtiments publics...

Le plus intéressant, en fait, c’est surtout la réflexion qui commence. Le ministre des finances Bruno Le Maire, vient, par exemple, de signer une garantie de financement pour la construction d’un nouveau paquebot de croisière par les Chantiers de Saint-Nazaire. Pour la première fois, sa main a tremblé : tout en pensant à l’emploi pérennisé en Loire-Atlantique, il s’est demandé quel serait le bilan carbone de ce paquebot et donc de sa signature. Alors je pose une question : qu’auriez-vous fait à sa place ? Cette nouvelle présentation du budget nous promet des débats passionnants.

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