Que la croissance de la France soit forte, faible, voire négative… Que les prix du pétrole flambent ou s’effondrent, mois après mois c’est toujours le même scénario : des milliards d’euros de déficit.
Le dernier scénario, celui de mars qui a été publié hier, s’est élevé à 5,3 milliards. L’an dernier le déficit commercial a culminé à 60 milliards. C’est bien simple, cela fait 15 ans d’affilée que la balance commerciale est déficitaire. Ça fait donc quinze ans que notre pays importe plus de biens qu’il en exporte.
Si l’on veut être un peu optimiste, les économistes jugent que le déficit pourrait cette année diminuer de 8 milliards. Croisons les doigts.
Pourquoi ces déficits chroniques en France ?
Les raisons sont nombreuses.
Nous manquons d’entreprises qui exportent. Faute de grosses PME industrielles, la France compte en effet près de deux fois moins d’entreprises exportatrices qu’en Allemagne ou en Italie.
Quant à nos grandes sociétés, elles privilégient la production à l’étranger et donc exportent proportionnellement moins que les multinationales allemandes, suisses ou italiennes.
Autre explication à ces déficits: nos industriels souffrent toujours d’un manque de compétitivité lié à des charges qui restent élevées, même si la situation s’est améliorée ces dernières années. Et surtout, ils sont trop présents sur les produits moyen de gamme et se retrouvent ainsi face aux exportateurs des pays émergents, qui tirent les prix vers le bas, ce qui lamine les marges des compétiteurs français.
La clé pour vendre à l’étranger, même à prix élevés, c’est un made in France haut de gamme. On le voit avec le luxe, le vin, le cognac, des secteurs très excédentaires.
Enfin la balance commerciale est aussi directement impactée par la désindustrialisation de ces dernières années. A force de voir disparaître des pans entiers de l’industrie, la France est contrainte d’importer les biens qu’elle ne produit plus.
Ces déficits ont-ils un impact négatif sur notre pays ?
C’est le cas.
D’abord parce que la France décroche dans le commerce mondial avec l’explosion des exportations des pays émergents.
Plus grave, elle décroche aussi en Europe. En 15 ans, Le poids des exportations françaises dans le total de celles de la zone euro a ainsi reculé de 30%.
Ensuite, le déficit commercial prive chaque année notre pays de croissance, environ 0,5% l’an dernier. C’est considérable. En imaginant un retour à l’équilibre cette année, la croissance française grimperait ainsi de 1,3% à 1,8%.
Nul de doute que le chef de l’Etat et le gouvernement en rêvent. Mais il faut être lucide : ça ne serait pas le cas en 2019 !
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