Le Monopoly du bio

L'enseigne "Bio C Bon" est aujourd'hui en redressement judiciaire
L'enseigne "Bio C Bon" est aujourd'hui en redressement judiciaire ©AFP - Martin Noda / Hans Lucas
L'enseigne "Bio C Bon" est aujourd'hui en redressement judiciaire ©AFP - Martin Noda / Hans Lucas
L'enseigne "Bio C Bon" est aujourd'hui en redressement judiciaire ©AFP - Martin Noda / Hans Lucas
Publicité

L’enseigne "Bio C’Bon", 158 magasins en France, est en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce de Paris cherche un repreneur, et ça déclenche un véritable Monopoly.

C’est une partie effrénée qui se joue entre les différents acteurs de la distribution. Le marché de l’alimentaire et en particulier le marché du bio est un des moins vampirisés par le commerce en ligne depuis la sortie du confinement.

Neuf offres seraient donc sur la table pour reprendre le numéro trois du commerce spécialisé en bio, derrière Naturalia et Biocoop. Les repreneurs regardent en détail les magasins et font leur sélection, exactement comme s’ils jouaient au Monopoly. C’est au Tribunal de les départager. 

Publicité

On cite par exemple Auchan pour 57 magasins, Monoprix-Naturalia pour 85, Biocoop pour 72 ou le groupe Zouari, propriétaire du réseau de surgelés Picard, pour 112. A ce stade, c’est Carrefour qui met le plus d’argent sur la table. 

On connaîtra quand le résultat de la partie ? 

Le tribunal a demandé aux différents protagonistes d’améliorer leurs offres, notamment sur la reprise des 1500 salariés. Ils ont jusqu’au 13 octobre. Deux jours plus tard, une audience se tiendra et la décision sera connue à la fin du mois. 

La multiplication des dossiers de candidatures témoigne de la concurrence acharnée sur ce marché du bio, où chacun cherche à compléter son réseau. On voit surtout l’effacement des frontières entre les marques pionnières, puristes de “la” bio, comme Biocoop ou Naturalia, et les groupes de la grande distribution. 

Biocoop, groupe coopératif, a recruté des experts chez Carrefour, des ”repentis” des prix bas, certes, mais qui amènent tout de même un changement de méthode, comme l’explique un article de Morgane Bertrand sur le site de L’Obs. Le groupe Zouari a recruté un pionnier de Biocoop pour apprendre en accéléré les valeurs de “la’ bio. Et pour se développer, Intermarché a créé un réseau à part : “les comptoirs de la Bio”. 

Mais dans le dossier Bio c‘ Bon, il y a aussi une autre facette qui complique le dénouement... 

En effet, les fondateurs de Bio c’ Bon ont développé leur groupe en faisant appel à l’épargne de particuliers aisés, sollicités via un spécialiste de gestion de patrimoine Marne et Finance, qui organisait une sorte de cavalerie pour financer l’achat de magasins. Au total 2800 personnes ont investi en espérant toucher un rendement élevé. Ils ont placé entre 20 000 et 500 000 euros par tête. 90 000 euros par exemple pour une agricultrice de Seine-et-Marne. 

Aujourd’hui, ils risquent de tout perdre, comme dans une autre affaire, celle du groupe hôtelier Maranatha. Ils se sont regroupés en association pour être entendus dans le dossier. Ils vont écrire au Garde des Sceaux, Eric Dupont Moretti. Parmi les repreneurs, le groupe Zouari, serait prêt à les associer à la reprise de Bio c’ Bon.