Aujourd’hui, s’ouvre à Paris, le Women’s Forum. C’est la quinzième édition de ces rencontres destinées à renforcer la représentativité des femmes dans les postes de pouvoir. Et on a encore beaucoup de progrès à faire. Sophie Fay s'est intéressée à un cas précis : celui d’Airbus.
A Toulouse, la sociologue Nathalie Lapeyre, professeure à l’université Jean-Jaurès, faisait un travail de recherche sur la féminisation des professions libérales. Jusqu’au jour où elle a rencontré des femmes d’Airbus, actives dans l’association “Elles bougent”.
“Elles bougent” a été créée en 2005, pour attirer les lycéennes et les étudiantes dans les métiers de l’ingénierie et de l’industrie, encore très masculins. Les militantes de l’association vont leur présenter leur métier, leur entreprise.
Ces cadres d’Airbus avaient mis en place un réseau de femmes au sein de leur groupe pour contribuer à l’ ”objectif 20-20”, 20% de femmes à tous les échelons de la hiérarchie à l’horizon 2020. Elles ont proposé à la sociologue de les suivre.
“Le nouvel âge des femmes au travail”
C'est le titre de l'ouvrage de la sociologue Nathalie Lapeyre. On y apprend d’abord que nous devons les efforts de féminisation, comme l’ ”objectif 20-20”, à une mode managériale plutôt qu’à une volonté d’égalité naturelle. Nathalie Lapeyre appelle cela la “McKinseyisation des esprits”, du nom du cabinet de conseil en management McKinsey.
Airbus y trouve son intérêt. Le groupe, dans ses valeurs, met en avant le collectif. Or les managers interrogés dans le livre notent que les femmes font plus souvent que les hommes passer l’intérêt commun avant le leur. Ils notent aussi qu’elles font mieux circuler l’information.
Des dynamiques contre lesquelles il faut lutter pour avancer
La sociologue les a repérées.
La mobilité horizontale par exemple : les femmes la préfèrent souvent à la mobilité verticale. Elle changent de service en gardant le même poste, au lieu de monter dans la hiérarchie, pour maintenir leur équilibre vie privée - vie professionnelle
Autre tendance, les femmes adorent les niches, innover dans un champ hyper spécifique par exemple, être la spécialiste d’un sujet pointu.
Et elles ont enfin deux ennemis : leur perfectionnisme et le “présentéisme” des hommes, accrochés à leurs bureaux jusqu'à 20h.
Il y a en revanche une dynamique positive intéressante, que relèvent les salariées d’Airbus : c’est l’internationalisation, car dans les réunions, la différence de genre pèse moins que les différences culturelles.
Références :
Le Nouvel âge des femmes au travail, aux presses de Sciences Po
L'équipe
- Production
- Autre