Toujours plus ! L’argent des élus, des ministres, des hauts-fonctionnaires. L’envolée des rémunération des dirigeants du CAC 40 fait des envieux dans le monde des élus et des hauts-fonctionnaires. Ils s’organisent eux aussi pour être bien payés ou pour cumuler les revenus. Sans trop de scrupules, visiblement…
Disons qu’ils font tout pour ne pas être déclassés. C’est ce que montre un livre, Les voraces (chez Robert Laffont) : c'est l’enquête d’un journaliste de L’Obs, Vincent Jauvert.
Certains élus, qui sont aussi fonctionnaires, parviennent ainsi en cumulant les fonctions à gagner plus de 200 000 € par an. Les parlementaires ne peuvent plus le faire, mais certains maires, présidents d’agglo ou de conseil général ne s’en privent pas.
Saviez-vous aussi que les ministres d’Emmanuel Macron sont deux fois plus riches que ceux de François Hollande, grâce souvent à des allers-retour public/privé ? Et que la réforme de l’ISF a fait économiser à quatre d’entre eux (je devrais dire d’entre elles, ce sont des femmes) entre 10 000 et 50 000 euros par an ?
Il y a beaucoup de détails dans le livre, tout cela est donc transparent ?
Pas vraiment, même si on a fait pas mal de progrès. Depuis l’affaire Cahuzac et la mise en place de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, beaucoup d'informations filtrent. Mais l’administration continue à déployer des trésors d’énergie pour limiter celles qui concernent les fonctionnaires. Les parlementaires n’ont toujours pas accès à la liste des plus gros salaires de la fonction publique, qu’ils ne cessent de réclamer.
Il y a un autre domaine dans lequel les fonctionnaires se démènent pour limiter la contrainte : c’est leurs conditions de pantouflage dans le privé. Il existe certes une Commission de déontologie. Mais ils ont réussi à bloquer sa fusion avec la Haute Autorité pour la Transparence de la vie Publique. Pas étonnant, car, celle-ci a plus de moyens de contrôle. Son futur président Didier Migaud compte d’ailleurs bien revenir à la charge.
Pourquoi cette résistance ?
Les fonctionnaires veulent avoir le maximum d’options. Il n’y a pourtant pas de raison que l’Etat soit moins strict qu’une entreprise. Or elles savent l’être quand un cadre dirigeant veut passer à la concurrence.
Regardez le temps qu’il faut à Renault pour réussir à faire venir Luca De Meo, le patron de Seat, que Volkswagen retient pour protéger ses secrets.
L’Etat (et derrière lui les citoyens) doit se protéger pour être servi et pas seulement utilisé comme un tremplin de carrière.
Les révélations de Vincent Jauvert, avec les noms, sont à retrouver dans L’Obs : “ Lobbying, Pantouflage, Conflits d’intérêt, les Péchés de la République”. Avec de belles liasses de billets…
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