Rien ne va plus chez Google. La semaine de Thanksgiving, la grande fête familiale américaine, le géant du web a licencié quatre salariés brutalement et déclenché un tollé auprès des autres. Que leur reproche leur employeur ?
Officiellement, il leur reproche d’avoir consulté des documents internes qui ne les concernaient pas. La firme de Mountain View l’a confirmé dans un courriel envoyé à toutes ses équipes.
En réalité, la manœuvre viserait à décourager tous ceux qui traquent et critiquent des pratiques internes contestables. Ces quatre “curieux” auraient alerté d’autres salariés sur un contrat en cours de discussion avec l’administration Trump sur l’immigration et sur la politique chinoise du groupe. Des comportements discriminants, des cas de harcèlement sexuel auraient aussi été dénoncés.
Leur sanction crée une onde de choc
Car elle est absolument contraire à l’esprit originel de Google. Souvenez-vous de son slogan. C’était “Don’t Be Evil” : ne soyez pas malveillants, ne faites rien de mal. Et le Code de conduite de l’entreprise précise : “si vous voyez quelque chose que vous ne trouvez pas correct, dites-le”. Mais ça c’était l’esprit de 1998, il y a plus de vingt ans.
Aujourd’hui c’est une entreprise tentaculaire de 90 000 salariés. Au moment de sa création, Google encourageait la transparence, incitait les salariés à aller regarder tous les documents internes, tous les projets qui les intéressaient au nom de la transparence, de l’innovation, de la créativité.
Tous les vendredis, les équipes étaient invitées à se réunir avec leur chef pour lui faire remonter leurs idées, leurs frustrations, bousculer l’organisation. Maintenant, elles n’ont plus la parole qu’une fois par mois et pour consulter un document, il faut demander l’autorisation.
Google ne veut pas non plus de syndicats ou d’organisation de salariés
Elle a même fait appel aux services d’une société spécialisée dans la “chasse aux syndicats”, IRI Consultants. Elle aide les directions à décourager les salariés de s’organiser, en général dans le milieu hospitalier ou le secteur de la santé.
Un collectif de salariés de Google, “Google Walkout For Real Change”, a dénoncé ce double mouvement de la direction sur le site Medium, un media en ligne où chacun peut poster de longs articles et les partager à sa communauté.
Evidemment, l’information a été largement relayée dans la Silicon Valley et au-delà. Car partout, ces géants du web ont pris une telle place qu’on attend d’eux qu’ils soient irréprochables. Cela vaut pour Google, mais aussi pour Airbnb dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris, d’Amazon dans sa politique sociale et environnementale ou d’Uber, à qui Londres vient de retirer sa licence pour avoir laissé conduire des chauffeurs non assurés.
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