Mariage LVMH-Tiffany, rupture de bans

France Inter
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Il y a un an Bernard Arnault, le patron de LVMH, voulait devenir le plus gros joaillier du monde et mobilisait 15 milliards d’euros pour racheter l’américain Tiffany. Hier, le groupe a annoncé renoncer à l’opération suite à un étonnant courrier de Jean-Yves Le Drian.

LVMH explique, dans un communiqué, que son conseil d’administration “a pris connaissance d’une lettre du Ministre des Affaires Étrangères qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les Etats-Unis, demande au groupe LVMH de différer l’acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021”. Ce qui de facto fait capoter l’opération: elle devait être conclue le 24 novembre. 

Les droits de douane dont parle la lettre ont été définis par Washington le 9 juillet, pour punir la France de taxer les Gafa. Mais leur entrée en vigueur a été suspendue jusqu'au 6 janvier, Bruno Le Maire ayant accepté de différer jusqu’à la fin de l’année le paiement de l’impôt par les géants du numérique. 

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Ces droits de douane - de 25% tout de même- viseront, s’ils sont confirmés, le champagne, les sacs à main, les cosmétiques français. C’est-à-dire une bonne partie de la galaxie LVMH. 

D’habitude, c’est plutôt le ministre des finances, Bruno Le Maire, qui gère ce dossier des taxes ? 

Oui, tout le monde a donc été très surpris par le courrier de Jean-Yves Le Drian. Impossible hier d’avoir une explication claire à ce sujet. 

Toujours est-il que la comédie romantique “Breakfast at Tiffany’s”, c’est fini pour Bernard Arnault. Mais au siège de LVMH personne ne pleure. On rendrait presque la bague de fiançailles avec soulagement. 

Avant la pandémie, LVMH était prêt à payer Tiffany très cher. Après beaucoup moins, car Tiffany perd de l’argent. Les relations entre les deux groupes sont donc très tendues. C’est d’ailleurs Tiffany qui a révélé l’existence de la lettre de Jean-Yves Le Drian, dans une plainte qu’elle a déposé pour obliger LVMH à exécuter le rachat promis à ses actionnaires. 

Au fond, tout ça arrange LVMH ? 

Sans doute un peu, mais il y a un bémol tout de même. Bernard Arnault et ses fils ménagent  leurs relations avec la famille Trump. La clientèle américaine est très importante pour LVMH. Pas question donc d’avoir une mauvaise image aux Etats-Unis. Or la bataille judiciaire avec l’emblématique Tiffany ne fait que commencer. 

Et qu’y a-t-il à la une de L’Obs ? 

Nous faisons témoigner la “Génération Covid”,  une jeunesse sacrifiée pour cause de pandémie, mais qui a encore plus envie de changer le monde. 

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