C’était en 2014, mais ce n’est pas de l’histoire ancienne et ce n’est pas du tout l’histoire qu’on croyait, celle du méchant groupe américain qui avale un beau champion français.
La branche énergie a été vendue à un américain, General Electric, et la branche transports, celle des TGV, va se marier avec l’allemand Siemens. La vente d’Alstom Energie à General Electric en 2014, cela a été très douloureux. Un vrai drame national à l’époque et pas seulement pour Arnaud Montebourg. Voir notre fleuron national passer sous pavillon américain, c’est vrai, c’était dur. Et ce qui était encore plus dur, c’était de penser que les Américains ne nous l’avait pas racheté à la loyale, qu’ils avaient fait pression, et qu’ils avaient utilisé la justice de leur pays avec une grosse amende pour corruption. Et que ne disait-on pas du patron d’Alstom, Patrick Kron ! C’est tout juste s’il n’était pas un traître!
Il va falloir aujourd’hui réécrire cette histoire, parce qu’Alstom n’était pas du tout un fleuron. On sait maintenant que les Américains n’ont pas du tout fait une bonne affaire. La preuve : General Electric a annoncé hier une perte de 22,8 milliards de dollars. Alors, tout n’est pas la faute d’Alstom, mais c’est d’abord la valeur de son rachat que General Electrics a effacé de ses comptes. La raison est simple : le marché s’est complètement retourné. Les électriciens ne veulent plus de centrales à charbon ou au gaz. Le chiffre d’affaires de la branche énergie de General Electrics, avec Alstom donc, a fondu d’un tiers en un an. General Electrics ne regrette peut-être pas son opération, mais le prix qu’il a payé, sûrement !
En revanche, nous Français n’avons pas à la regretter. Il faut imaginer ce que serait aujourd’hui Alstom s’il devait affronter, seul, cette tempête. Cela aurait été, à coup sûr, un désastre industriel et financier. Or, c’est précisément ce que Kron disait redouter en 2014. Les Américains se sont fait rouler mais il n’y a aucune satisfaction à en tirer. General Electrics est un très grand groupe, mais ses difficultés vont le conduire à des restructurations importantes qui auront un impact en France. A la fin de cette année, les engagements qu’il avait pris en 2014 concernant l’emploi et les sites en France expirent. Autant dire que chez les ex-Alstom, on peut être inquiet. Et puis le nouveau patron de General Electrics l’a dit hier, il va scinder les activités énergies. On attend des précisions. Cela dit, chez Alstom, être coupé en deux, on connaît.
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- Bertille BayartChronique