"Shein", la mode chinoise qui se renouvelle tous les quatre jours

"Shein", la mode chinoise qui se renouvelle tous les quatre jours
"Shein", la mode chinoise qui se renouvelle tous les quatre jours ©Getty - Edward Berthelot
"Shein", la mode chinoise qui se renouvelle tous les quatre jours ©Getty - Edward Berthelot
"Shein", la mode chinoise qui se renouvelle tous les quatre jours ©Getty - Edward Berthelot
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Omniprésentes, voire harcelantes sur les réseaux sociaux, les publicités pour Shein font grimper les ventes de la marque chinoise depuis la pandémie de Covid. Au mépris de l'environnement et en bousculant le modèle économique des enseignes de prêt-à-porter françaises.

C’est une catastrophe à tout point de vue. D’abord, elle déploie un marketing très agressif, en particulier auprès des jeunes, qui sont très souvent sur Facebook, Instagram ou Tik Tok. 

D’après un classement publié par la banque d’affaires américaine Piper Jaffray, c’est la deuxième marque préférée des ados aux Etats-Unis, encore loin derrière Amazon, mais bien devant Nike.

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Si vous n’avez pas d’ado à la maison, Shein sait aussi vous rattraper. Il suffit de chercher des conseils de régime dans Google, pour perdre vos kilos du confinement, et le site vous poursuivra avec sa ligne “curve”, en français courbe ou rondeurs… Il y en a pour tous les goûts avec des articles très bon marché. Des mini robes à 14 euros et même un porte-clef à 75 centimes…

Mais elle sort d’où cette marque ? 

Directement de Chine. Elle a été lancée par Chris Xu à Nankin, il y a douze ans. Mais elle n’a rien de Chinois au premier coup d’oeil car elle a été totalement conçue pour les occidentaux, pour une clientèle black-blanc-beur, diverse et pas forcément à la taille mannequin. Elle n’est pas du tout vendue à Pékin ou à Shanghaï. 

Shein fait ce qu’on appelle de l’”ultra fast fashion”. Les marques comme Zara ou H&M font de la “fast fashion”, de la mode rapide, avec plusieurs collections par saison.

Shein va bien plus vite. Il ne serait pas étonnant que l’on trouve dans quelques jours sur son site une copie bas de gamme d’un modèle porté par Kim Kardashian ou une autre star pendant la cérémonie des Oscars. 

Sa croissance est aussi ultra rapide. 12 millions d’abonnés sur Instagram fin décembre, 19 millions aujourd’hui. Et les ventes suivent. Surtout pendant que nos boutiques sont fermées. 

Pourquoi disiez-vous que c’est une catastrophe ? 

Parce que le modèle n’est absolument pas écolo, tout vient de Chine, la qualité n’est pas là. Il est pourtant plébiscité par la même génération qui milite derrière Greta Thunberg. 

En plus, il met à mal tout l’éco-système français du prêt-à-porter. Les Promod, Camaïeu, Etam, Pimkie ne peuvent pas rivaliser: ils préparent leurs collections 18 mois à l’avance et ils ont essayé d’ouvrir des magasins dans le monde entier, alors que Shein est purement numérique. 

Shein a deux grands concurrents sur ce modèle de la mode ultra rapide en ligne: l’américain Fashion Nova et le Britannique Boohoo. Pas de Français donc. Notre industrie du prêt-à-porter paraît un peu plus durable, plus soucieuse de la planète. Encore faudrait-il que les clients le soient aussi. 

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