Ynsect passe à l'échelle industrielle

Ynsect passe à l'échelle industrielle avec une levée de fonds exceptionnelle
Ynsect passe à l'échelle industrielle avec une levée de fonds exceptionnelle  ©AFP - SEBASTIEN BOZON
Ynsect passe à l'échelle industrielle avec une levée de fonds exceptionnelle ©AFP - SEBASTIEN BOZON
Ynsect passe à l'échelle industrielle avec une levée de fonds exceptionnelle ©AFP - SEBASTIEN BOZON
Publicité

Une start-up française a levé 316 millions d’euros pour produire des protéines animales d’un genre nouveau. Elle s’appelle Ynsect (avec un Y). Elle accélère pour nourrir l'humanité avec des insectes.

Nous, les humains, pas tout de suite. Ce n’est pas une de ces start-up qui fait griller des criquets et vous les propose en apéro. C’est un projet plus révolutionnaire, qui vise d’abord à nourrir les animaux. 

A L’Obs, on suit Ynsect depuis 2013, figurez-vous. Parce qu’il faut du temps pour développer un projet comme celui-là. Au départ, c’est une rencontre, celle de quatre copains : un ingénieur agronome, un polytechnicien, un informaticien et un diplômé d’école de commerce, qui cherchaient une solution pour l'autosuffisance alimentaire de la planète malgré l’augmentation de la population mondiale.  

Publicité

Pour produire des protéines à base d’insectes, ils se sont rapprochés du Génopole d'Evry. Ils ont travaillé avec les grands labos de recherche publics. La Banque Publique d’investissement les a soutenus avec des prêts. Et en 2014, ils ont fait rentrer à leur capital leurs premiers investisseurs pour construire un démonstrateur. 

Ils appellent cela une “entoraffinerie”, une raffinerie d’insectes...

C’est en effet le mot qu’ils utilisaient au début. Depuis ils sont devenus un plus “politiquement corrects” et ils ne parlent plus de raffinerie - ça sent un peu trop le pétrole - mais de “ferme”. Leur démonstrateur se situe à Dole dans le Jura. Il fait 3000 mètres carrés. On y élève des vers de scarabées ténébrions meuniers. Ils sont entreposés sur 18 mètres de haut, dans des caisses manipulées par un robot géant. 

Les vers sont nourris de son de blé. Les plus gros sont triés pour la reproduction, les autres prennent le chemin d’une bouilloire et d’une centrifugeuse. Il paraît qu’ils ne souffrent pas. Antoine Hubert, le PDG, a fait plancher sur le sujet des philosophes de la Sorbonne. 

Dans le ver, rien ne se perd. Les déjections font un excellent engrais, déjà commercialisé. Et on récupère de l’huile et de la farine, transformée en granulés pour l’élevage de poissons. C’est apparemment très nourrissant : on fait grossir trois truites au lieu de deux, avec 25% de nourriture en moins.  

Que va faire Ynsect avec les 300 millions qu’ils viennent de récupérer ? 

Construire la plus haute ferme verticale du monde. 35 mètres de hauteur près d’Amiens, à Poulainville. Ynsect a déjà 130 salariés et compte créer plusieurs centaines d’emplois d’ici 2023.

L’autre particularité de cette entreprise, c’est d’avoir mis en place une double comptabilité, d’un côté les euros, de l’autre les émissions de CO2. Sa ferme doit être “carbone négative”, mieux que carbone neutre.  Et bien sûr, elle rêve aussi de nourrir les humains, un jour, sans rien coûter à la planète. 

L'équipe