2017 : la fête des sondeurs

En 2016, les sondeurs ont connu leur annus horribilis
En 2016, les sondeurs ont connu leur annus horribilis ©Getty - PeopleImages
En 2016, les sondeurs ont connu leur annus horribilis ©Getty - PeopleImages
En 2016, les sondeurs ont connu leur annus horribilis ©Getty - PeopleImages
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Si vous cherchez une tête de Turc pour passer la soirée à balancer des vannes un peu grinçantes, invitez donc un ami sondeur.

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Par Renaud Dély

J’en ai quelques-uns dans mon carnet d’adresses et je vous assure qu’en général, ce sont de gens très intelligents et plutôt sympas. Des gens comme vous et moi, enfin presque…

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La différence, c’est qu’en ce moment, ils rasent les murs. Car en 2016, les sondeurs ont connu leur annus horribilis. C’est vrai que cette année, nous avons connu quelques scrutins aux résultats plutôt inattendus. Il y a eu le Brexit au Royaume-Uni, l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, mais ce qui a vraiment traumatisé nos sondeurs, c’est la victoire de François Fillon à la primaire de la droite. Bien sûr, l’enjeu de ce scrutin était sans doute moins déterminant que les deux premiers, mais la différence, c’est que le résultat semblait acquis d’avance. Le Brexit comme l’élection présidentielle américaine avaient conservé jusqu’au bout un semblant de suspense. Même s’il paraissait acquis, le résultat s’annonçait plutôt serré. Pas celui de la primaire de la droite. François Fillon, c’était écrit, n’avait aucune chance d’atteindre même le second tour. Pendant trois ans, tous les instituts de sondages sans exception l’ont estimé entre 6 et 12% des suffrages. Et puis subitement, à trois semaines de l’élection, il a commencé à grimper en flèche à 15, 18, 20% sans que personne, et pas davantage Juppé et Sarkozy, ne l’ait vu venir. Le jour même du vote, les instituts le donnaient à 30 % et il a fini à 44% ! C’est dire l’ampleur de l’échec des sondeurs.

Et pour l’année qui s’ouvre, les sondeurs sont tellement traumatisés qu’ils ne pensent plus rien. Ils sont tétanisés. Fillon, Le Pen, mais aussi Macron, Mélenchon, et pourquoi pas Valls ou Montebourg, ils brassent pêle-mêle toutes les hypothèses et les renvoient dos-à-dos. Même les plus invraisemblables. Et qui sait, demain, peut-être demain Nicolas Dupont-Aignan à l’Elysée?

J’en connais un, de sondeur, très sympa, très brillant, jouissant d’une très bonne réputation, qui a sérieusement envisagé de changer de métier tout bonnement. Et puis après quelques semaines de spleen, il a fini par me dire : « Tu sais, finalement, je vais continuer à faire des sondages, de toute façon, je ne sais rien faire d’autre… » Alors pour le consoler, j’ai fini par lui dire que pour lui, « ça pourrait être pire », il pourrait être journaliste politique…

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