

Par Nathalie Schuck
On a pas mal commenté la rivalité entre François Hollande et Emmanuel Macron, mais la vraie rivalité politique, elle est entre le président et son premier ministre Manuel Valls...
Parce que le Premier ministre aussi pense fort, très fort même à la présidentielle. Mais il est malin, Manuel Valls. Il ne sera pas, comme Emmanuel Macron, le traître qui quitte le navire pour défier le président. Non, lui a une autre stratégie : attendre gentiment que le fruit pourrisse et tombe tout seul ! En clair, il prend le pari que François Hollande sera trop abîmé pour se représenter et que c'est à lui qu'il passera le flambeau.
Alors, en coulisses, il se prépare. Il travaille sur des propositions, une ébauche de programme, au cas où. Et il essaie de corriger son image d'homme colérique et cassant. Ce week-end, par exemple, son équipe a diffusé des photos où on le voit, tout sourire dans sa ville d'Evry, avec des gamins blacks, blancs, beurs. Très United Colors of Benetton...
Valls installe petit à petit l'idée que le recours, c'est lui. Et il fallait bien écouter le discours qu'il a prononcé fin août devant les socialistes à Colomiers. L'air de rien, tout en restant « loyal », il a balancé deux trois punchlines.
Il faut redonner l'envie, l'envie de voter par adhésion pour aller vers le mieux et non pas de voter par défaut pour éviter le pire.
Traduction ? En 2012, vous avez voté Hollande par défaut pour virer Sarkozy, et vous n'avez pas envie de recommencer, comptez sur moi !
Il faut donc des réponses fortes, et moi je refuse l'entre-deux, la politique de l'autruche.
On a compris le message : avec lui, fini le compromis et la synthèse molle à la sauce hollandaise. Il fallait voir, dans le public, les sourires acides des soutiens du président...
Officiellement François Hollande vit ça très bien. Il laisse même dire par ses proches que tout est concerté avec Valls. Mais vous connaissez le président ? Il dit à chacun ce qu'il veut entendre. Un Hollandais m'avait raconté cette blague pour décrire sa psychologie : « Deux hommes, pas d'accord, entrent dans son bureau pour demander un arbitrage. En sortant, les deux déclarent : François m'a donné raison ! »
Il y a un signe qui m'a interpellée : Ségolène Royal, très proche du président, a violemment attaqué Manuel Valls dans l'affaire des boues rouges en Méditerranée. Elle n'a pas été recadrée par l'Elysée. Comme un avertissement envoyé au Premier ministre : attention, tu es sous surveillance.