2017 : Marine Marchais face à François Giscard

Marine Le Pen lors de l'inauguration de son QG de campagne à Paris, le 16 novembre 2016
Marine Le Pen lors de l'inauguration de son QG de campagne à Paris, le 16 novembre 2016 ©Getty - Chesnot
Marine Le Pen lors de l'inauguration de son QG de campagne à Paris, le 16 novembre 2016 ©Getty - Chesnot
Marine Le Pen lors de l'inauguration de son QG de campagne à Paris, le 16 novembre 2016 ©Getty - Chesnot
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Pour Marine Le Pen, on pourrait penser que François Fillon est une très mauvaise nouvelle. Mais c’est tout le contraire car il peut rabattre vers elle les catégories populaires.

Par Nathalie Schuck.

J’ai rencontré il y a quelques jours le géographe Christophe Guilluy, l’auteur de cette étude captivante sur la « France périphérique », celle de ces 60% de Français oubliés, invisibles, la fameuse « France d’en bas ». Et il a eu cette formule choc : « François Fillon et Marine Le Pen, c’est Giscard et Georges Marchais qui reviennent ». Je n’aurais pas trouvé mieux. Parce que depuis l’élection du nouveau champion de la droite, la patronne du FN doit se frotter les mains tous les matins d’avoir écouté Florian Philippot qui lui conseillait de faire du « FN de gauche » en parlant aux ex-cocos et aux prolos plutôt que sa nièce qui lui soufflait de parler aux patrons et aux cathos. Alors, ça va l’obliger à réécrire en urgence tout son programme économique, qui prévoyait d’assouplir le droit du travail. Mais face au programme de « casse sociale » de Fillon, elle n’a plus le choix : plus à gauche que moi, tu meurs !

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Marine Le Pen peut-elle gagner grâce à cette France des oubliés ?

C’est tout son pari face à Fillon. Un ténor de la droite me disait d’ailleurs : « Attention à la gueule de bois. A la primaire, les catégories populaires ne sont pas venues voter. Fillon, c’est la droite, sans le peuple ». Le très droitier Patrick Buisson fait le même constat. Il ne lui a pas échappé que dans la ville populaire de Tourcoing, 5% de l’électorat est venu à la primaire. Et pas seulement, comme dit Brice Hortefeux, parce que 2€ plus 2€, ça fait deux repas à la cantine et 25 pains au chocolat version Copé. Mais surtout parce que Fillon, ça ne leur parle pas. Et ça c’est tout bénéf pour Le Pen, qui a choisi pour slogan « Au nom du peuple ».

Est-ce que ça peut suffire pour gagner la présidentielle ?

En tout cas, elle espère que ça fera mentir les sondages, qui la donnent devancée par Fillon au premier tour. Mais encore faut-il pour elle que ces électeurs populaires se déplacent pour voter, eux qui s’abstiennent en masse, sauf à la présidentielle. Ça a échappé à tout le monde, mais le 30 novembre, Marine Le Pen a posté une vidéo sur Youtube pour inviter les Français, notamment les plus jeunes, à s’inscrire sur les listes électorales. Elle sait que ce sera compliqué.

Un chiffre, hier, n’a pas dû lui échapper : le candidat d’extrême droite autrichien Norbert Hofer a réuni 85% des suffrages des ouvriers. Mais il n’a pas gagné.

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