Les législatives s’annoncent compliquées pour le parti socialiste.
On l’appelle encore le Parti Socialiste, mais on pourrait aussi parler d’auberge espagnole. Chacun fait ce qu’il veut avec son étiquette PS. Vous avez les candidats de l’aile gauche qui annoncent qu’ils seront dans l’opposition à Emmanuel Macron s’ils sont élus. Les candidats de l’aile droite qui proclament qu’ils seront au contraire dans la majorité présidentielle. Certains, comme Marisol Touraine ont d’ailleurs déjà zappé le logo du PS de leur affiche de campagne.
Et puis, au milieu, il y a le ventre mou des candidats socialistes
On pourrait les surnommer les ni-pour, ni-contre. Difficile de savoir ce qu’ils feront une fois élus. Et comme si les choses n’étaient pas suffisamment illisibles pour les électeurs de gauche, dans certaines circonscriptions il y a même des socialistes qui s’apprêtent à faire campagne contre d’autres socialistes. Un proche de Benoît Hamon m’expliquait hier que les hamonistes allaient soutenir des candidats écologistes ou communistes contre tous les socialistes qui veulent rejoindre la majorité présidentielle. Myriam El Khomri et Marisol Touraine sont prévenues : leurs anciens camarades vont faire campagne pour les battre !
Même au sein d’un même courant du PS, la solidarité s’efface. Chacun fait ce qu’il veut
Prenez les proches de Manuel Valls par exemple. Malek Boutih a demandé l’étiquette En Marche!, qui lui a été refusée. Olivier Dussopt n’a pas demandé l’étiquette En Marche!, mais il est prêt à travailler avec la majorité présidentielle. Et Philippe Doucet, lui, a toujours le logo du PS sur ses affiches.
Quand j’ai dit à un vallsiste resté fidèle au PS que je préparais un article sur la campagne des proches de Manuel Valls, il m’a répondu par texto dans la minute : “Je ne suis pas sur la ligne de Manuel Valls dans cette législative !!” Avec plusieurs points d’exclamation pour que je comprenne bien. Bref, chacun fait ce qui l’arrange le plus localement
Vu l’impopularité des socialistes, chacun imagine qu’il peut s’en sortir en faisant campagne sur son seul nom
C’est ce que me confiait la directrice de campagne d’un député sortant. “Le mieux c’est de faire notre tambouille dans notre coin et que l’on entende le moins possible parler du PS.” Sur le papier, il est tentant de penser que les législatives, ce n’est pas une élection nationale, mais 577 scrutins locaux. Et qu’il suffit donc d’être un député bien implanté pour être réélu.
Pourtant un très vieux routier du PS m’expliquait que, déjà, en 1993, de nombreux députés socialistes s’imaginaient résister à la vague bleue grâce à leur popularité locale. Evidemment, c’était une illusion. Seulement 57 avaient été réélus à l’époque. Et ils pourraient être encore moins nombreux le mois prochain.
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