Les grandes manœuvres ont déjà commencé en coulisses à droite pour amortir le choc au soir du premier tour de la présidentielle, au cas où François Fillon serait éliminé.
Par Nathalie Schuck.
Je ne sais pas si vous passez parfois devant le siège des Républicains, au 238 rue de Vaugirard, mais je peux vous dire que les cadors du parti commencent à installer des sacs de sable en prévision d'un siège. Un siège, que dis-je ? Une explosion thermonucléaire ! De nombreux élus du parti s'attendent au pire au soir du premier tour de la présidentielle, dans 26 jours précisément. Officiellement, tous répètent que la victoire est encore possible. Mais dès que les micros sont coupés, ils nous décrivent une situation apocalyptique avec une droite qui risque fort de se retrouver orpheline le 23 avril, sans leader, décapitée, comme le PS avec Lionel Jospin le 21 avril 2002. Un haut responsable du parti me confiait : « Fillon au second tour ? Ce serait un miracle ! Il va finir complètement à bout ».
Mais si François Fillon est éliminé, « qui va garder les enfants » comme dirait Laurent Fabius ? Qui mènera la bataille des législatives ?
C'est toute la question ! Et je peux vous dire que ça s'agite en coulisses. A commencer par Nicolas Sarkozy qui, d'après ses visiteurs, n'a pas renoncé à l'idée de revenir ou de tirer les ficelles. Son poulain pour éviter le naufrage, c'est François Baroin. Mais ça ne rassure pas grand monde. Un ex-ministre me disait : « Baroin, tout le monde trouve qu'il a une belle voix et un beau cul, mais il est incapable de bosser 15h par jour ! » Les vieux de la vieille Bernard Accoyer et Gérard Larcher, eux, sont prêts à faire barrage de leur corps pour éviter que le parti parte en quenouille. Et beaucoup ont une trouille, c'est que l'ambitieux Laurent Wauquiez rafle les clés du parti en profitant du chaos. Un élu de droite me disait : « Dès le 23 avril, Wauquiez tentera un coup d'Etat ! Et s'il arrive en cassant les portes et les fenêtres, on aura une fuite d'élus juste avant les législatives... »
Et si la droite n'est pas au second tour, est-ce qu'il y a un risque d'explosion ?
Oui, clairement. La droite pourrait se scinder en plusieurs camps entre ceux qui, comme NKM, appelleraient à voter Macron pour faire barrage à Le Pen. Ceux, plus marginaux, qui feraient les yeux doux au FN. La grosse masse, qui se réfugierait dans le « ni-ni », ni Macron, ni Le Pen. Et ceux, enfin, qui basculeraient chez Macron. Un responsable du parti me confiait : « Beaucoup de juppéistes rejoindraient Macron, ainsi que des proches de Jacques Chirac, comme sa fille Claude, son petit-fils Martin et son gendre Frédéric Salat-Baroux. Et ça, ça fait très mal symboliquement... »