

C’est la Dépêche du midi qui nous l’apprend. Le 6 septembre, le ministre de l’Intérieur a reçu des journalistes et il n’a pas fait mystère de ses doutes sur Emmanuel Macron…
Par Marcelo Wesfreid
Gérard Collomb au sein du gouvernement, vous allez voir, ça va devenir de plus en plus intenable. Le ministre de l’Intérieur aimerait bien partir, après les Européennes. Mais à ce rythme-là, le premier flic de France va faire ses valises avant.
Revenons au 6 septembre. Gérard Collomb reçoit une petite dizaine de journalistes de la presse régionale. C’est Place Beauvau. Il y a du canard rôti au menu. Le thème du déjeuner c’est terrorisme et police. Mais en réalité, Gérard Collomb n’a aucune envie d’en parler…
Non, il a envie de dire ce qu’il pense d’Emmanuel Macron, de plus en plus isolé, de son entourage qui ne lui dit pas les choses, des 80 kilomètres/heure très impopulaires, d’Alexandre Benalla, qui se prend pour un « seigneur » - c’est la formule qu’il utilise.
A priori, ces propos sont censés être off, c’est-à-dire ne pas sortir dans la presse. Mais Collomb tient un discours d’une dureté inédite et n’exige à aucun moment que tout cela reste autour de la table…
Comme s’il voulait passer un message...
D’autant que le matin-même, il était sur BFM et il avait regretté le manque d’ «humilité » du pouvoir. Et puis, la semaine dernière, il y a eu l’interview à L'Express, où Gérard Collomb a annoncé sa candidature à Lyon, sans prévenir personne. Bref, « Gégé », c’est son surnom, est en roue libre…
Alors, évidemment, au gouvernement certains s’étranglent. Certains y voient là une manière, pas très classe, de se désolidariser. Pour arriver vierge aux municipales de 2019. Cette histoire raconte aussi le divorce entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb. Une fracture profonde car Collomb a été le premier soutien du président. Il l’a énormément soutenu, quand personne n’y croyait.
Que s’est-il passé entre eux pour en arriver là ?
Le ministre de l’Intérieur n’a pas aimé se voir imposer une ligne de défense par l’Elysée sur l’affaire Benalla. Collomb, il a 71 ans, il a gagné Lyon tout seul et a été élu trois fois maire. C’est un baron, on ne lui fait pas porter le chapeau. Surtout à propos de maintien de l’ordre. D’ailleurs, devant la commission d’enquête, il n’a protégé personne. Lors du fameux déjeuner, Collomb a d’ailleurs dit : « Je n’ai pas une vocation de kamikaze. Le sabre dans le ventre, très peu pour moi ».
On sent de l’amour déçu, Collomb est coutumier. Je me souviens de ce que m’en disait un de ses anciens collaborateurs : « Il a des passions, qui passent rapidement ». C’est vrai : Collomb avait adoré Ségolène Royal en 2007. Avant de prendre ses distances.
Les poids lourds, en politique, n’aiment d’abord que leur liberté.
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