La préparation de la rentrée scolaire de lundi prochain : délicate opération. Le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer l’a dit très tôt, une attention toute particulière va être accordée aux retrouvailles entre les professeurs et leurs élèves après les vacances de la Toussaint.
Comment rassurer les enseignants ? Comment évoquer en classe l’épouvantable assassinat de Samuel Paty ?
Le Ministre doit en reparler aux syndicats aujourd’hui lors d’une visio-conférence mais il a déjà accédé à l’une de leurs demandes.
Un temps entre profs avant d’aller voir les élèves sera organisé le matin, ce qui décalera un peu l’horaire de la rentrée.
Mais le moment où tous retiendront leur souffle sera la minute de silence dans la cour et la lecture de la lettre aux instituteurs et institutrices de Jean Jaurès.
Cela pourrait mal se passer
Le 8 janvier 2015, au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo, la minute de silence n’avait pas été respectée dans toutes les écoles de la République.
L’Education nationale avait répertorié 200 incidents dont 40 avaient fait l’objet d’un signalement à la justice et à la police.
Ce week-end, un hommage était rendu à Samuel Paty dans tous les stades de France. A Agen, la minute de silence a été perturbée par les hurlements de deux ou trois individus.
Jean-Michel Blanquer a demandé à tous les élus de la République d'être présents auprès des professeurs le jour de cette rentrée.
Les représentants syndicaux ne sont pas hostiles mais pas emballés non plus. Secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, Frédérique Rolet s’est par exemple inquiétée de l’éventuelle présence d’élus qui peuvent porter des paroles contraires aux idées de l’école et de la République.
Et surtout les élus eux-mêmes s’interrogent sur l’attitude à tenir. Ils ont observé la mésaventure de Sarah el Haïry, la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse. La semaine dernière à Poitiers, lors d’une discussion sur la question religieuse avec des jeunes des centres sociaux, elle s’est retrouvée face à un mur.
En désespoir de cause, comme le montrent les images de France 3, elle s’est alors mise à chanter la Marseillaise, quasiment seule derrière son micro. Un de ses collègues au gouvernement me confiait hier avoir trouvé l’idée plutôt mauvaise. Pour lui, le trop est l’ennemi du bien. L’un des dangers pour les politiques serait d’inventer dans ces périodes très lourdes une France idéalisée où l’on reprend l’hymne national à tout bout de champ. Une France qui, selon lui, n’existe pas.
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