par Marcelo Wesfreid
Si Benoît Hamon tente à tout prix de boucler un accord avec les écolos, d'ici à la fin de la semaine, c'est aussi, nous dites vous, pour faire oublier le raté des discussions avec Jean-Luc Mélenchon...
Ces discussions, si on écoute Benoît Hamon, elles ont capoté à cause de Mélenchon... Un Mélenchon agressif, qui ne veut pas se raccrocher au « corbillard » du PS. C'est ce qu'il a dit ce week-end. Mais si on écoute Mélenchon, c'est Hamon qui n'a pas joué le jeu!
La vérité, c'est que ça fait trois semaines que ces deux-là jouent une comédie, à base de lettres ouvertes, de messages dans la presse. Chacun cherche à faire porter à l'autre le chapeau de la division. Personne n'a cherché l'accord...
Remontons en arrière... Le soir de la primaire du PS. Mélenchon ne s'attendait pas à une victoire de Benoît Hamon... Il est déboussolé. Un proche de Mélenchon m'a dit : « Si Hamon, le soir de sa victoire, nous avait appelé, comme il avait dit qu'il le ferait, il nous aurait coincé »
Et pourquoi Hamon n'a-t-il pas appelé Mélenchon?
Erreur tactique. Il y a eu du triomphalisme, chez Benoît Hamon. Des bons sondages. Certains se sont emballés dans son entourage. « Ca y est. On est en train de siphonner l'électorat de Mélenchon. » A quoi bon s'afficher avec l'épouvantail Mélenchon, si ses électeurs viennent à nous... Sauf que la base de Mélenchon est assez solide. Et ce sont des gens en colère contre le pouvoir socialiste.
Depuis, les lieutenants de Mélenchon ont repris du poil de la bête. Ils ont commencé à pilonner, en coulisses, Benoît Hamon. « C'est un ex ministre, il est comptable de la politique de Hollande ».
J'ai même entendu des attaques sur le thème de l'éthique: « Vérifier, vous verrez, il dit qu'il a travaillé mais il n'a jamais vraiment travaillé ». Ou encore « sa femme a été embauchée à la direction d'un grand groupe, alors que Benoît Hamon était ministre. C'est louche! »
Au-delà des rivalités d'ego, que révèle ce divorce?
Ils ont des divergences sur le fond. Mélenchon considère que le Revenu universel de Benoît Hamon, c'est dangereux. Ils ne sont pas d'accord sur l'Europe, sur la Vie République... On a affaire à deux traditions différentes à gauche. Benoît Hamon vient du rocardisme. Mélenchon du trostkysme.
Mais rien de tout cela n'est insurmontable... Surtout quand on pense qu'ensemble, ils pourraient, c'est un scénario incroyable, jouer la qualification pour le second tour de la présidentielle.
Sauf que voilà. Après cinq ans de hollandisme, la gauche est en guerre contre elle-même.