

Arnaud Montebourg a lancé samedi dernier sa campagne présidentielle depuis sa ville natale de Clamecy. L’ancien ministre de François Hollande s’estime légitime pour une raison toute particulière : les idées qu’il a portées par le passé sont désormais au centre du débat politique.
- Arnaud Montebourg Entrepreneur, ancien Ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique
Autrement dit, il a eu raison avant tout le monde.
Il pense bien entendu à son plaidoyer dès le début des années 2000 pour le passage à une nouvelle République, à son combat contre la mondialisation néolibérale ou pour la réindustrialisation de la France.
Des idées qui ont fait leur chemin à la faveur de l’épidémie de Covid
Ces thèmes se sont installés au cœur des préoccupations des Français quand ils ont découvert notre dépendance vis-à-vis de l’étranger pour certaines filières stratégiques, comme les semi-conducteurs ou à la production de médicaments.
Cela ne suffit pas pour lancer la remontada dont rêve Montebourg : le problème, c’est que les électeurs ont souvent la mémoire courte.
Pour le moment, les sondages, lui donnent peu d’espoir de perturber le jeu. Ils accordent à l’ancien ministre du redressement productif entre 2 et 5 % des intentions de vote.
Il faut dire qu’il a déjà été candidat deux fois à une primaire et que surtout, la crise gomme toute une partie de sa spécificité programmatique, puisque les autres responsables politiques se sont accaparés ses sujets. Jean-Luc Mélenchon avait déjà repris à son compte le concept de VIe République. Emmanuel Macron s’est emparé du thème de la réindustrialisation. Le président de la République doit bientôt présenter, il l’a en tout cas annoncé le 12 juillet, un grand plan d’investissement pour 2030 avec un objectif : mettre en scène le grand retour de la souveraineté industrielle. Bref Montebourg a été détroussé.
Cela arrive fréquemment que les lanceurs d’alerte ne soient pas récompensés
Regardez les écolos. Ces Cassandre qui avaient raison d’annoncer un dérèglement climatique qui s’impose à nous à coup de raz de marée, d’incendies ou glissements de terrain. Cette capacité d’anticipation ne se mue pas en potentiel politique. Moins de 40 000 personnes sont inscrites pour participer à la primaire écolo.
Dans un autre registre, on peut enfin évoquer François Bayrou qui militait depuis des années pour la création d’une force centrale. C’est finalement Emmanuel Macron qui l’a constituée.
Comme quoi en politique, le tempo compte souvent autant que les bonnes idées.
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