Deux renoncements qui n'ont rien d'anecdotiques, selon Soazig Quemener.
Depuis quelques jours l’ancien patron des Républicains et le chef de leurs sénateurs nous racontent chacun une belle histoire qu’on n’est pas tout à fait obligés de croire. Leurs deux argumentaires ressemblent d’ailleurs à du copié-collé. Ils jouent le registre de l’humilité : ils ne seraient pas les mieux placés, ils ne voudraient pas jouer le jeu de la division…
Pas très convaincant
On le sait depuis Manuel Valls. Participer à une primaire ne sert pas seulement à gagner, mais également à se faire voir, se faire entendre et pourquoi pas décrocher un poste intéressant plus tard. Valls était parvenu à s’installer à Matignon ! Et tout ça, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau le savent pertinemment.
Une primaire, cela sert aussi à faire entendre ses idées et les deux hommes font partie de ceux qui à droite ont une ligne bien identifiée, populo-droitière pour le premier, filloniste pour le second.
Alors pourquoi n’y vont-ils pas ?
Parce qu’au fond, ils sont d’accord avec leur ancien camarade Bruno Le Maire ! Hier sur cette même antenne, le ministre de l’Economie taclait Valérie Pécresse, expliquant qu’elle cherche juste à reconstruire la droite alors que, lui, veut reconstruire la France.
Autrement dit, selon lui, la présidente de la région Ile-de-France, tout comme Xavier Bertrand d’ailleurs, court après une chimère. Cette chimère, c’est l’avènement, comme autrefois, d’une candidature hégémonique venue de la droite.
En réalité, l’oxygène se raréfie pour ce camp, coincé entre le président de la République et la très probable candidature d’Eric Zemmour. Sans compter les défections de grands maires qui comme l’ex-LR Hubert Falco à Toulon, votent déjà Macron.
Wauquiez et Retailleau ont-ils raison d’être si pessimistes ?
Avant de s’imposer à son propre camp et d’être élu par les Français, Nicolas Sarkozy avait mené un long travail programmatique. Idem pour son ancien premier ministre, François Fillon avant de remporter la primaire de novembre 2016. Or pour 2022, la droite n’a pas suffisamment travaillé, ne s’est pas suffisamment remise en question, ce qui tend à donner raison aux deux élus.
Mais ils auraient aussi pu lire avec intérêt une tribune de Gaspard Gantzer publiée dans Le Monde au creux de l’été. Instruit par l’expérience de 2017, l’ancien conseiller en com de François Hollande y dissertait sur les surprises de campagne. Il expliquait à quel point les impressions du mois d’août précédant l’élection présidentielle sont souvent trompeuses.
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