On saura bientôt comment Les Républicains comptent départager leurs candidats à la Présidentielle. Penchons-nous avant sur le sort réservé à Michel Barnier, qui est bien placé pour savoir que loyauté ne paie pas.
Michel Barnier a pu en faire l’expérience mercredi, jour de publication du sondage commandé par Les Républicains afin d’éclairer les militants dans leur choix. Cette étude menée par l'Ifop testait la crédibilité politique des cinq candidats à l’investiture auprès d’un échantillon de Français de droite et de sympathisants LR. Les candidats testés étaient Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin. Il ressort de ce sondage que Michel Barnier, fidèle adhérent LR, n’arrive qu’en troisième position... Alors que Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, qui ont tous deux quitté le navire LR depuis plusieurs années, dominent largement le jeu. À se demander s’il n’existerait pas une prime aux ronchons et aux claqueurs de portes...
Que faut-il en conclure ?
D’abord, même s’il ne fait pas vraiment figure de favori, Michel Barnier n’est pas pour autant battu. Sa fidélité au parti pourrait justement exercer un vrai pouvoir de séduction auprès de ceux qui seront appelés à départager les prétendants de la droite. Mais le score modeste de celui qui se présentait comme le Joe Biden français -tout au moins jusqu’à l’affaire des sous-marins australiens- interpelle : à quoi bon rester fidèle à un parti pendant toute sa carrière politique, si à l’heure du grand choix, les militants préfèrent se tourner vers ceux qui les ont abandonnés des années plus tôt ? Cela signifie-t-il que ceux qui restent fidèles au parti, ont plus de chance de finir sur le banc de touche que sur le podium ? La constance et la loyauté en politique semblent aussi obsolètes que les partis politiques eux-mêmes.
Faut-il forcément trahir pour gagner ?
N’importe quel politique sait qu’il est plus facile de faire parler de soi en déblatérant sur ses amis qu’en leur tressant des louanges… Il est aussi possible de demeurer fidèle à son parti et loyal ses amis tout en s’assurant une couverture médiatique maximale : il suffit simplement pour cela de renoncer à ses idées. C’est ce qu’a fait l’ancien commissaire européen Barnier. En proposant un débat sur un retour à une « souveraineté juridique » des États européens en matière d’immigration, ce grand défenseur de l’Europe a vu la presse s’affairer autour de lui... sa campagne était lancée. Finalement, renier ses idées ou ses amis, il suffit de choisir. Bienvenue dans la campagne des présidentielles de 2022 !
L'équipe
- Chronique