L'abstention, reine des élections ?

Les règles de l'inscription sur les listes électorales ont changé
Les règles de l'inscription sur les listes électorales ont changé ©Getty - Martin Bertrand / EyeEm
Les règles de l'inscription sur les listes électorales ont changé ©Getty - Martin Bertrand / EyeEm
Les règles de l'inscription sur les listes électorales ont changé ©Getty - Martin Bertrand / EyeEm
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Nous sommes le 31 décembre, date traditionnelle de clôture des listes électorales. Sauf que cette année, les règles ont changé !

Nous assistons aujourd’hui à la fin d’une coutume administrative un peu absurde qui voulait que le 31 décembre soit la date limite d’inscription sur les listes électorales. 

Ceux qui ont déménagé et souhaitent voter lors de la prochaine élection présidentielle ont désormais jusqu’au 4 mars 2022 pour s’enregistrer. Si cet assouplissement administratif est bienvenu, il ne suffira sans doute pas à enrayer la désaffection générale qui frappe les élections dans toutes les démocraties libérales depuis la fin des années 80.

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Comment explique-t-on ce phénomène ? 

Il y a, en dehors de la qualité de l’offre politique -parfois discutable-, de très nombreux facteurs qui jouent sur la mobilisation. Les chercheurs en Sciences politiques ont par exemple montré que le phénomène de “mal-inscription”, c’est-à-dire d’adresses non mises à jour par les électeurs, génère énormément d’abstention.

En 2017, l’Insee estimait qu’il y avait 7,6 millions de mal-inscrits, essentiellement des jeunes : près de la moitié des moins de 30 ans ne sont pas inscrits dans la commune où ils résident.

C’est énorme, et cela explique en partie pourquoi on se retrouve avec près de 40 points d’écart de participation entre des trentenaires et des septuagénaires… S’il existait un “parti des retraités”, celui-ci remporterait confortablement les élections…

Quelles sont les formations politiques pénalisées par l’abstention ? 

De manière assez contre-intuitive, ce sont d’abord les partis politiques les plus radicaux qui en souffrent. On a pu le vérifier lors des régionales : l’abstention a explosé, pendant que le Rassemblement National et la France Insoumise réalisaient de très mauvais scores, leurs électeurs ne s’étant pas déplacés. 

Paradoxalement, l’abstention profite aux candidats les plus modérés.

Faut-il vraiment s’étonner qu’un corps électoral qui fait la part belle aux sexagénaires diplômés, aisés et politisés préfère la stabilité à la révolution ? Franchement, non. La lente évolution démographique et sociologique du corps électoral se vérifie sur les bancs de l'assemblée nationale, où ne siègent d’ailleurs à peu près plus aucun ouvrier, aucun travailleur manuel et aucun artisan parmi les députés. Repousser la date limite d’inscription sur les listes ne changera sans doute pas la face du monde, il en faudrait beaucoup plus. Comme l’expliquait Ségolène Royal en 2006 , “La démocratie, c'est comme l'amour. Plus il y en a, plus elle grandit.” À méditer. 

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