Hollande, le muet du palais

France Inter
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François Hollande, il se fait rare et il n’a pas oublié les leçons de François Mitterrand.

Je sais que vous étiez à deux doigts de déclencher le dispositif « Alerte enlèvement », alors je tenais à vous rassurer, j’ai pris des nouvelles à l’Elysée, le Président va bien. Très bien même. En tous cas pas si mal… Alors certes, bien sûr, il s’inquiète de la progression du Front National dans le pays. Mais quand il analyse le verdict des urnes de dimanche dernier, le chef de l’Etat se dit qu’il ne s’en sort finalement pas si mal que ça…

Vous connaissez la phrase de Talleyrand :

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« Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console… » Et ce qui console Hollande, bien sûr, c’est de se comparer à son rival préféré, Sarkozy empêtré dans une guerre des droite qui promet de lui pourrir son année 2016…

Alors pourquoi François Hollande continue-t-il de se taire alors que ce scrutin régional a illustré de façon spectaculaire le rejet des partis de gouvernement en général et de la gauche en particulier ? Parce que le Président a constaté un phénomène assez classique. Plus il se tient éloigné des affres de la politique nationale, et en particulier des affaires du PS, et plus il remonte dans les sondages. François Hollande a regagné plus de 20 points depuis les attentats du 13 novembre, d’abord en gérant de façon efficace le traumatisme, ensuite en assumant une réponse sécuritaire forte et en s’efforçant de bâtir une coalition internationale anti-Daech, enfin en se consacrant, aux côtés de Laurent Fabius, à la Cop 21 jusqu’à obtenir un accord historique.

A l’Elysée, on juge qu’il n’est donc pas question de redescendre trop vite de cet Olympe. Contrairement à l’après-Charlie, cette fois, il faut faire perdurer ce regain de popularité. Il n’y a pas d’urgence à préparer ce qu’un élu socialiste appelle une « rentrée dans l’atmosphère surchauffée de la politicaillerie ».

François Hollande ne parlera pas avant ses vœux aux Français du 31 décembre. Et il continuera de peaufiner sa stature de père de la Nation lors des commémorations des attentats de janvier dernier.

Un Président sortant, candidat à sa réélection et qui se présente en Père de la Nation, cela rappelle 1988 : « la France Unie » de François Mitterrand. Et c'est bien sûr le modèle qu’ont en tête les stratèges socialistes et Hollande ne manquera pas de rendre hommage à l’ancien chef de l’Etat dont on célèbrera le vingtième anniversaire de la disparition là aussi en janvier. Julien Dray, à l’époque à la manœuvre, et qui est en quelque sorte « fils » de Mitterrand et « frère » de Hollande dont il est l’ami, rappelle qu’il y a quand même une légère différence : « En 1988, il y avait eu la mort de Malik Oussekine, la jeunesse en colère contre un gouvernement de droite impopulaire et la mobilisation de SOS Racisme ».

Trente ans plus tard, c’est la gauche au pouvoir qui est rejetée et une grande partie des jeunes votent Front National.