Jean-François Copé, les dessous d’une candidature

Jean-François Copé en septembre 2016 au "grand oral de l'économie" : Les Primaires de l'Économie
Jean-François Copé en septembre 2016 au "grand oral de l'économie" : Les Primaires de l'Économie ©Getty - Aurelien Meunier
Jean-François Copé en septembre 2016 au "grand oral de l'économie" : Les Primaires de l'Économie ©Getty - Aurelien Meunier
Jean-François Copé en septembre 2016 au "grand oral de l'économie" : Les Primaires de l'Économie ©Getty - Aurelien Meunier
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Par Solenn de Royer

Jean-François Copé est le petit dernier des sondages 1,5% des intentions de vote. Mais pourquoi il s’accroche ? Ça va peut-être vous surprendre, mais Jean-François Copé reste persuadé d’avoir un destin présidentiel ! Il fait partie de cette petite poignée de responsables politiques habités par l’Elysée, et depuis toujours. Enfant, il se déguisait en Napoléon. Etudiant, il portait les mêmes grosses lunettes que Chirac. Et il draguait les filles en leur parlant de l’Elysée.

Le jour de son mariage, rebelote ! Copé est au milieu de ses amis, il porte un toast, et là, il dit : « Vous avez de la chance ! Vous êtes au mariage du futur président de la République ! » Toutes ces anecdotes en disent long. Et il y en a un qui en parle très bien, c’est Jean-Pierre Raffarin. Il m’a dit un jour : « Copé, c’est une ambition pathologique ».

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Ce sont donc des ressorts intimes qui expliqueraient qu’il ne renonce pas, Jean-François Copé…

La politique, ce ne sont pas seulement des idées. La politique, c’est incarné. C’est passionné. C’est de chair et de sang. Sans cela, on ne peut pas comprendre pourquoi Copé s’accroche à cette candidature en perdition. Mais il y a un autre ressort intime qui motive le maire de Meaux : c’est la vengeance. S’il ne peut pas gagner, il peut faire perdre. Il a une cible, une seule : Nicolas Sarkozy.

Les deux hommes se connaissent depuis 30 ans. Leur histoire est consubstantielle de la grande fracture de la droite : en 1995, Sarkozy est balladurien, Copé est chiraquien. Ils se sont détestés, puis réconciliés. Mais avec l’affaire Bygmalion, ça se termine comme ça a commencé : par la haine. Or, la haine est un ressort puissant en politique. Le débat de demain ne pourra pas changer le cours des choses pour Jean-François Copé. Au moins pour deux raisons :

  • L’image de Copé à droite est très abîmée. Il a toujours été un peu mal aimé, JFC ! Vu comme arrogant, techno, sectaire… La guerre avec Fillon pour l’UMP, puis la guerre avec Sarkozy dans l’affaire Bygmalion, ont achevé de dégrader sa popularité.
  • Politiquement, il n’a aucun espace. Le créneau libéral est occupé par Fillon. La fidélité chiraquienne, c’est Juppé. Quant au créneau « droite décomplexée », il est occupé par Sarkozy.

Un échec à la primaire peut-il sonner le glas de son ambition ? Lui il reste convaincu qu’il a un destin.

Un jour, il y a très longtemps, bien avant d’être candidat à la présidentielle, Alain Juppé m’avait fait cette confidence merveilleuse, il m’avait dit : « Pour devenir président, il faut le désir et l’obsession. J’ai le désir mais je n’ai pas l’obsession ». Jean-François Copé, lui, il a les deux ! Et la vie est longue…