
L’avenir de Hollande et Valls s’annonce compliqué. Pourquoi ?
A la difficulté que va immanquablement connaître le nouveau couple exécutif. Et je ne parle pas des difficultés économiques, ça , tout le monde les connait. Je parle de la situation politique déséquilibrée qui va inévitablement créer des tensions entre l’Elysée et Matignon. Prenez les cotes de confiance des deux hommes. Dans le baromètre TNS-Sofres qui sera publié demain par le_Figaro Magazine_ , la cote de Manuel Valls démarre à 46%. En face, celle de François Hollande atteint à peine 20%. On voit bien que les Français ne créditent pas le Président d’avoir choisi Valls à Matignon car ils ont bien compris que c’était un choix contraint et que Hollande aurait préféré une autre solution, voire garder Ayrault. Résultat, l’un est très haut quand l’autre demeure scotché en bas! 26 points d’écart entre un président de la République et son premier ministre, c’est un déséquilibre trop grand pour que l’hôte de l’Elysée n’en prenne pas ombrage au bout d’un moment.
Un tel écart de popularité entre un président et sson premier ministres'es déjà produit dans le passé entre Chirac et Jospin !
Mais évidemment, c’était pendant la cohabitation entre 1997 et 2002 et les sondages n’étaient pas la seule explication de l’agacement de l’Elysée face au comportement de Matignon.
Les deux exemples les plus marquants sont ceux de Mitterrand-Rocard et Sarkozy-Fillon. Dans les deux cas, le premier ministre, au bout de 23 mois de mandat du président, se retrouve plus populaire que le président. Pas de beaucoup : Rocard est à 60% de confiance quand Mitterrand est à 55%. L’écart n’est pas si énorme. Et pourtant quelques mois plus tard, le président va congédier son premier ministre qui lorgne sa place. La situation entre François Fillon et Nicolas Sarkozy est encore plus intéressante : au bout de 23 mois, la cote du président est à 36% quand celle de son premier ministre est à 40. Un écart encore plus faible. Mais qui suffit à énerver l’hôte de l’Elysée qui se mettra en tête de chercher un successeur au chef du gouvernement à l’été 2010.
A l'avenir, soit la popularité de Manuel Valls baisse et celle de François Hollande reprend des couleurs . C’est le cas de Fabius de 1984. La cote de Mitterrand est remontée grâce au changement de premier ministre. Mais ensuite, alors que la cote de Fabius s’affaisse sur le coup de la gestion gouvernementale, le président prend ses distances avec lui, s’en sert comme d’un bouclier. Manuel Valls acceptera-t-il d’être utilisé de la sorte, compte tenu de ses propres ambitions présidentielles ?
Soit le premier ministre reste plus populaire que le président, mais alors la question qui va très vite se poser sera celle de la présidentielle de 2017 . Vous allez voir dans quelques semaines fleurir des sondages qui poseront une question redoutable : quel serait le meilleur candidat pour battre la droite en 2017 ? Et la réponse, on peut la donner dès aujourd’hui : Valls arrivera devant Hollande. Auprès des Français comme auprès des sympathisants socialistes. Du coup, et ça a déjà plus ou moins commencé en coulisses, certains à gauche poseront la question d’une primaire pour les départager. Et inévitablement les relations entre les deux hommes se tendront. On est loin de l’équipe fusionnelle et de la cohérence absolue revendiquée par le chef de l’Etat
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