L'édito politique de Guillaume Roquette

France Inter
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Beaucoup de députés socialistes ont réagi très négativement hier au plan d’économie de 50 milliards annoncé par Manuel Valls. Ils menacent de ne pas voter le projet à l’Assemblée.

Mais la majorité est loin d'être en danger. Nous assistons depuis l’arrivée de Manuel Valls à Matignon à une sorte de jeu de rôle ou chacun joue son personnage en sachant à l’avance comment se déroule la pièce. D’un côté, un gouvernement qui promet du sang et des larmes pour rassurer Bruxelles et les créanciers de la France tout en sachant parfaitement jusqu’où ne pas aller trop loin.

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De l’autre côté l’aile gauche du PS qui fait semblant de se scandaliser d’une rigueur qui est pourtant annoncée depuis quatre mois déjà. Et au milieu, le Président de la République qui espère se refaire une santé politique en jouant les juges de paix entre les belligérants.

Regardez ce qui s’est passé hier : le ministre de l’économie donne, enfin, quelques détails sur les fameux 50 milliards d’économie. Puis il va rendre visite aux députés socialistes qui l’accueillent fraichement.

Les plus audacieux vont même jusqu’à menacer de pas voter le plan d’économies si le gouvernement ne revient pas sur son engagement de geler les petites pensions de retraite.

Et pendant ce temps là, François Hollande est à Carmaux, sur les terres de Jaurès. Et là, mine de rien, il lâche une petite phrase pour dire que oui, finalement, le gouvernement pourrait peut être lâcher un peu de lest sur les retraites :

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Évidemment, le scénario a été soigneusement écrit d’avance, mais cela n’empêchera pas les députés socialistes frondeurs d’expliquer qu’ils ont fait entendre raison au gouvernement en obtenant d’importantes concessions.

Mais tous les députés PS seront-ils derrière le gouvernement mardi prochain à l’Assemblée nationale? Il y aura sans doute quelques récalcitrants qui voteront contre ou au moins s’abstiendront, mais la vérité est que cela n’a aucune importance.

D’abord, parce que le vote de mardi n’est qu’indicatif, et porte sur le principe des 50 milliards. Le vrai rendez-vous parlementaire est pour la mi-juin, quand le gouvernement présentera une loi de finances rectificative détaillant concrètement les économies. D’ici là, la majorité a le temps de mettre en scène les concessions, mêmes mineures, du gouvernement.

Enfin, et c’est le plus important, la France n’a pas le choix : elle doit montrer qu’elle est rigoureuse pour pouvoir emprunter à un taux d’intérêt supportable les 170 milliards d’euros dont l’Etat a besoin pour boucler ses fins de mois, et en particulier payer les salaires des fonctionnaires.

Or ce sont eux, les fonctionnaires, qui sont le socle de l’électorat socialiste, plus que les classes populaires, et notamment les retraités pauvres, qui ont largement déserté les rangs de la gauche pour aller, au choix, vers l’abstention ou le vote Front national. Et cette réalité là, tous les députés PS en sont parfaitement conscients.

En partenariat avec Le Figaro Magazine.

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