La lutte antiterroriste ressuscite l’ancien monde

France Inter
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Un constat, ce matin : c’est le retour de l’ancien monde… Depuis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, il y a dix jours, vous aurez remarqué qu’on se croirait tristement revenu en 2015.

D’abord parce qu’on ne parle malheureusement presque plus que de terrorisme, comme à l’époque. Mais surtout parce que les seuls que l’on entend, eh bien, ce sont François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, ou encore François Fillon. 

Que des retraités de la politique

Mais dont le discours reste pourtant le plus construit et le plus clair sur les questions relatives à la République ou à la laïcité. 

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Alors il y a ceux à qui l’on demande des comptes, c’est le cas de François Fillon, accusé d’avoir enterré le fameux rapport Obin en 2004. Il y a ceux à qui l’on demande une expertise, comme Bernard Cazeneuve et Manuel Valls. Et puis il y a ceux à qui l’on n’a pas besoin de demander quoique ce soit pour qu’ils partagent leur expérience, comme François Hollande... Mais ça c’était déjà le cas sur presque tous les sujets"
 

Et dans tout ça, que devient Emmanuel Macron ? Il n’a toujours pas réussi à s’emparer de ces sujets ?

Eh bien le président a longtemps revendiqué, à tort ou à raison, de préférer une approche économique et sociale de la société, plutôt que d’aborder le pays par le prisme de l’identité et de l’intégration. 

Alors, cette stratégie, c’est ce qui l’a porté jusqu’à l’Élysée, en 2017… Mais c’est aussi ce qui le conduit à accuser un sérieux retard, aujourd’hui, sur les questions régaliennes. 

D’où la très forte ambition qu’il affiche dans les mots depuis quelques semaines. Le discours des Mureaux début octobre, sa prise de parole le soir de l’assassinat de Samuel Paty, l’oraison funèbre qu’il a prononcée lors de l’hommage national à la Sorbonne… 

Le problème, c’est qu’à l’image du chef de l’État, il y a encore trop peu d’interlocuteurs crédibles sur le sujet au sein de l’exécutif. Le seul qui réussit à se faire entendre - quitte à cliver - c’est Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur… Qui nous est lui aussi tout droit venu de l’ancien monde, puisqu’il a longtemps été le premier des sarkozystes.

S’il y en a bien un qui est resté plutôt discret, contrairement aux autres, c’est Nicolas Sarkozy

Pas une intervention médiatique. Pas une apparition publique. Pas même à l’hommage de la semaine dernière… L’ancien président est resté dans le Sud. Et il a fallu attendre une semaine pour qu’il s’exprime enfin sur l’attentat. C’était vendredi, à Grasse, en marge d’une séance de dédicace. 

Alors il y a deux explications pour essayer de comprendre ce silence. Soit l’ancien chef de l’État a été sonné par sa mise en examen, dans l’affaire du financement libyen de sa campagne. Soit il cherche à se faire discret, pour recréer de l’attente autour de sa personne et solenniser sa parole. Avec un risque, toutefois : c’est qu’à trop chercher à se faire discret, on peut finir par se faire oublier…
 

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