La lutte contre le terrorisme à l’épreuve du droit

France Inter
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Les politiques s’interrogent : faut-il admettre des exceptions à l’Etat de droit pour lutter contre le terrorisme ?

Gros remue-méninges au sommet de l’Etat ! Alors que le président avait déjà édicté, il y a quinze jours, ses règles pour lutter contre l’islamisme, il lui faut désormais frapper les esprits plus fort, plus vite.

Après l’assassinat de Samuel Paty, il doit répondre à l’angoisse légitime des Français et au premier chef, à celle des enseignants qui reprendront les cours le 2 novembre prochain.  

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Comment Emmanuel Macron peut-il s’y prendre ? 

On se souvient qu’en avril 2017 après l’assassinat du gardien de la paix Xavier Jugelé sur les Champs-Elysées, le candidat Macron avait gardé ses nerfs. 

« Je ne vais pas vous inventer un programme dans la nuit contre le terrorisme », avait-il lancé. Sous-entendu, pas question de tomber dans l’engrenage un « attentat-une loi ». 

Ce dimanche soir, lors du Conseil de défense, Emmanuel Macron est resté dans cet esprit. Il ne veut pas être dans l’ajout, la surcharge ou l’émotion. C’est en tout cas ce qu’il a fait valoir devant ses ministres régaliens. 

Mais l’idée est aussi de montrer que l’Etat agit. Comme le prouvent les opérations de police lancées hier. 

Une quarantaine de visites domiciliaires dans la mouvance islamiste permises par la loi sur la sécurité intérieure. 

Des visites saluées par un coup de menton de Gérald Darmanin. Charles Pasqua voulait terroriser les terroristes. Le jeune ministre veut, lui « intimider ceux qui nous intimident ». 

Cela c’est pour le court terme, mais après ? 

L’exécutif va devoir faire preuve de sang-froid.

D’autant qu’on l’a vu depuis vendredi, il n’y pas d’union nationale. 

Les LR réclament une révision de la constitution. Sans surprise, Marine Le Pen veut la mise en place une « législation de guerre ». Mais elle plaide aussi pour que cette législation, « soit conforme à l’Etat de droit ». 

Comme si elle attendait avec gourmandise de voir trébucher l’exécutif sur une difficulté légale. 

Gérald Darmanin veut par exemple, et c’est logique, la dissolution d’associations comme le Collectif contre l’islamophobie en France ou BarakaCity. Mais sur quelle base juridique le ministre pourra-t-il s’appuyer ? Certains de ses collègues préviennent : « Il peut bien faire des moulinets, il ne pourra pas s’affranchir du droit … » 

Pour parer ce procès en impuissance, Darmanin a décidé d’harceler la mouvance islamiste. C’est pour cela qu’il a annoncé hier soir la fermeture immédiate de la mosquée de Pantin. A condition, a-t-il tout de même pris soin de préciser, que la justice le lui permette.