Manuel Valls prononcera son discours de politique générale cet après-midi et plusieurs ministres ont un point commun.
Des entrants et des promus de ce gouvernement ont un point commun. Que ce soit Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et bien sûr Manuel Valls, ils ont participé à la primaire socialiste pour la présidentielle en 2011.
Voilà le nouveau graal pour compter en politique même si on n’en est pas sorti gagnant. Vous me direz qu’il manque deux candidats mais dans un cas c’est un choix personnel : Martine Aubry a refusé de participer au gouvernement en 2012 et ses relations avec François Hollande ne se sont pas améliorées depuis pour qu'elle rejoigne la nouvelle équipe. Un ministre agacé n’hésitait pas à la classer dans la catégorie des « opposants » à François Hollande.
Quant à Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche, il était sur le point de rentrer comme ministre en lieu et place de Sylvia Pinel, mais sa mise en examen pour une affaire de frais de bouche a empêché sa nomination. Et peu importe ses 0.64% en octobre 2011, Baylet avait compris l’intérêt politique d'une candidature, même symbolique.
Manuel Valls avait lui aussi réalisé un score très faible, en dessous de 6%.
Mais ce n’est plus le résultat qui compte, c’est tout simplement d'être présent dans la course. Ce n’est plus la peine de construire et de conduire un courant. Une exposition médiatique est bien plus importante.
Ce n’est pas la seule raison qui a coûté son poste à Pierre Moscovici. Mais le désormais ex ministre de l’Economie peut regretter aujourd’hui d’avoir soutenu François Hollande sans l'avoir auparavant défié à la primaire de 2011. Un tour de piste aurait pu lui conférer une sorte d’immunité politique.
Arnaud Montebourg a su ainsi se rendre incontournable. Tout comme Valls, donc. Et si Benoît Hamon a été promu à l’Education nationale c’est parce qu’il a eu l’intelligence stratégique, de passer un accord, de « dealer » avec Manuel Valls et Arnaud Montebourg.

A droite, les quadragénaires ambitieux pourraient en tirer une leçon. L es Xavier Bertrand, Bruno Le Maire et autres candidats à la candidature pour 2017, devraient être renforcés dans leur idée qu’il ont tout à gagner à s’opposer entre eux, voire même à leurs aînés, que ce soit Alain Juppé ou même Nicolas Sarkozy.
Car Matignon, le poste de Premier ministre, se jouera en grand partie dans une primaire à droite. Tout comme d’autres portefeuilles d’importance s’il y a alternance dans trois ans. « A cause de vos primaires, chez nous ils se voient tous Président » : cette boutade lancée par Brice Hortefeux à un ministre socialiste en dit long sur l’importance cruciale d'une compétition interne. L’existence d’une primaire rebat complètement les cartes en les distribuant.
A l’UDI, orphelin de Jean-Louis Borloo, Jean-Christophe Lagarde ou Hervé Morin et pourquoi pas Rama Yade pourraient aussi se laisser tenter par une primaire UMP qui leur serait ouverte. Pour exister. Et à gauche, rien ne dit que des parlementaires inconnus aujourd’hui ne réclament pas demain une primaire au Parti socialiste. Car figurez-vous que président sortant ou pas, elle est prévue dans les statuts du PS! François Hollande n'a qu'à bien se tenir et ce n'est pas gagné.
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