On a découvert lundi soir, que la réforme territoriale était devenue l’urgence numéro 1 du pouvoir, alors qu’elle était prévue depuis longtemps. Pourquoi un tel sentiment d’improvisation ?

C’est vrai que François Hollande l'avait annoncé il y a plusieurs mois. Manuel Valls a fait des annonces assez précises dès début avril. Et puis le Président en a remis une couche en annonçant le report des élections régionales, le 6 mai. Finalement, lundi soir après une réunion annoncée à la dernière minute avec le Premier ministre et les ministres concernés, François Hollande diffuse sa version de la carte de France des régions. Jusqu’ici tout va bien… Sauf que l'Elysée envoie à la presse régionale assez tard dans la soirée une tribune du Président, dans laquelle le nombre de futures régions est remplacées par trois lettres : « XXX ». Un brouillon donc, qui confirme que rien n’est décidé à ce moment-là. Voilà, ce sentiment d'improvisation, il vient, comme d’habitude, d'une communication calamiteuse… qui a des conséquences politiques.
En étant de bonne foi, on imagine bien que ce n’est pas simple d’établir une nouvelle carte. Mais c’est quand même un problème que le pouvoir offre une telle arme à l’opposition !
La droite ne cesse de les accuser de tripatouillage. Au lieu de les démentir en présentant les choses sérieusement, ils donnent l’impression d’avoir passé la soirée à jouer à « dessiner, c’est gagner » avec les barons locaux socialistes.
Soyons honnêtes : il y a, dans cette accélération du timing, de l’habileté. Depuis dix jours, il n’y en avait que pour le FN et les raisons de sa victoire aux européennes. Autant vous dire que Marine Le Pen jubilait pendant qu’à gauche, on était obsédé par une seule question : est-ce que François Hollande pourrait se représenter en 2017 ?
Par ailleurs, ça a permis de faire démarrer hier à l'Assemblée nationale l'examen de la réforme pénale dans une quasi-indifférence. Alors que ce texte promet des débats explosifs avec la droite. À notre époque de zapping permanent, on va revenir à tous ces sujets assez vite… Mais les annonces sur la réforme territoriale ont permis de ventiler le débat.
A court terme, c’est donc plutôt bien joué . Mais vous avez vu : les élus commencent à râler. Certaines unions ne passent pas. « Vous avez vu la tronche du président de Picardie quand il a appris qu’il devait se marier avec la Champagne ? » , m’a dit un député socialiste hier. C’est un exemple parmi tant d’autres. Parce qu’évidemment cette réforme veut dire moins d’élus à terme. D’ailleurs, à gauche, on s’inquiète de ne pas avoir de majorité pour voter le texte au Parlement. Manuel Valls le sait bien, écoutez le c’était sur BFM hier matin:
Le cinq sept 2013 - son billet chaffangeon
8 sec
Il se dit que ce n’est pas grave si ça gronde. Parce que, côté com’ ils réfléchissent à court terme, mais côté profit, ils rêvent d’engranger à long terme. L’argent d’abord, réalisé par les économies. Et la reconnaissance ensuite. Il reste peu de temps à François Hollande pour marquer ce quinquennat. Et bien sûr, c’est aussi l’intérêt de cette réforme structurelle. D’ailleurs, le Président ne s’en cache pas. Dans sa tribune, il s’inscrit dans la lignée de François Mitterrand et des grandes lois de décentralisation de Gaston Defferre, de Jacques Chirac qui a inscrit cette décentralisation dans la Constitution. Avec une France relookée, François Hollande est sûr de rentrer dans les livres d’Histoire. Et l’Histoire, c’est sa grande passion.
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