La révolution institutionnelle qui ne dit pas son nom

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron ©AFP - Yoan VALAT
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Emmanuel Macron veut moderniser la cinquième République. Mais il emploie pour cela une méthode plutôt inattendue…

Comme tous les présidents, Macron a promis aux Français une grande réforme des institutions. Et comme tous les présidents, une fois au pouvoir, il galère. La réforme a été reportée une première fois à cause de Benalla. Et maintenant, le Sénat, de droite, fait obstruction. 

Bref, personne ne sait quand on aura moins de parlementaires, de la proportionnelle, quand est-ce qu’on va supprimer la cour de justice de la république, etc. 

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Pas grave. Emmanuel Macron a décidé de contourner le problème. Il est en train de transformer la Ve République. Mais sans le dire. 

Ça se passe sous nos yeux avec la convention citoyenne pour le climat. Le tirage au sort vient de commencer. Macron veut un panel à l’image de la France. 150 personnes en tout, dont le plus jeune aura seize ans. Des diplômés, des non diplômés. Des ruraux, des urbains. Pendant six week-ends, ils vont travailler à Paris, au conseil économique social et environnemental. 

Ils seront payés 86 euros par jour. S’ils ont des enfants, on paiera les nounous. Et tout ce beau monde va auditionner, devant les caméras, des experts. Ils ont une question à résoudre : comment diminuer les gaz à effet de serre, de 40% d’ici à 2030 ? 

Macron se rendra a priori sur place. Il a promis de traduire leurs propositions concrètes en loi ou en règlement. Il y aura peut-être un référendum aussi. Et comme la question sera la transposition de leur proposition citoyenne, le chef de l’Etat évite le piège traditionnel du référendum : où on ne répond jamais à la question posée. 

Cela bouscule la démocratie représentative

Le citoyen n’est plus seulement celui qui délègue son pouvoir à un représentant. Il délibère en tant que tel.

Ajoutez à cela que le Référendum d’initiative partagée – vous savez le fameux RIP qui court actuellement contre la privatisation d’aéroports de Paris - va être modifié. Le président veut le déclencher à un million de pétitionnaires. Et non plus à  4,7 millions aujourd’hui.

Emmanuel Macron cherche à mettre davantage de citoyens dans la constitution. Il le fait, en réalité, sous la pression des Gilets jaunes. Mais pas que. Le président est lui-même le fruit d’une forme de dégagisme. 

Il a été élu sur les ruines des partis traditionnels. S’il veut retrouver une dynamique, il lui faut prouver qu’il n’a pas trahi cette promesse. Il lui reste trois ans pour en convaincre les Français.