Le chant du cygne des gilets jaunes

A Besançon le 12 septembre 2020, 300 manifestants « Gilets jaunes » ont arpenté les rues en chantant des slogans
A Besançon le 12 septembre 2020, 300 manifestants « Gilets jaunes » ont arpenté les rues en chantant des slogans  ©AFP - Antoine Mermet / Hans Lucas
A Besançon le 12 septembre 2020, 300 manifestants « Gilets jaunes » ont arpenté les rues en chantant des slogans ©AFP - Antoine Mermet / Hans Lucas
A Besançon le 12 septembre 2020, 300 manifestants « Gilets jaunes » ont arpenté les rues en chantant des slogans ©AFP - Antoine Mermet / Hans Lucas
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Après plusieurs mois de pause forcée à cause du confinement et du coronavirus, les manifestants ont essayé de faire leur grand retour ce week-end à Paris et dans quelques villes de France. Mais la mobilisation n’a pas été au rendez-vous, avec à peine 6000 personnes. Et le rassemblement s’est soldé par un cuisant échec.

Le nombre de personnes présentes est toujours un bon indicateur pour mesurer l’ampleur d’une contestation, mais ce n’est pas le seul critère

Prenons par exemple les revendications. À l’époque, le 17 novembre 2018, lorsque les premiers « gilets jaunes » sont descendus dans la rue, ils avaient une cible claire : c’était la fameuse taxe carbone imposée par l’exécutif. Cette taxe, elle a servi d’élément déclencheur, et elle a ensuite permis un début de convergence des luttes : puisqu’il y a eu la question du pouvoir d’achat et la demande de démocratie directe qui sont venues s’y greffer. Le problème, c’est que ce mouvement social, qui est né en dehors des partis et des syndicats, n’a jamais trouvé de débouché politique - moins de 1% aux Européennes… Et il n’a pas trouvé non plus d’incarnation.  

Est-ce que ça veut dire pour autant que la colère exprimée à travers ce mouvement a définitivement disparue ?

Absolument pas ! Tout mort qu’il est, l’arbre des gilets jaunes ne doit pas cacher la forêt qu’il a révélée il y a deux ans. Cette forêt, c’est celle d’une France fracturée. Une France coupée en deux. Divisée entre ceux que le journaliste britannique, David Goodhart, a appelé les « gens de partout », et le « peuple de quelque part ». Ce divorce, il s’est d’ailleurs manifesté au moment de la crise du coronavirus. Avec les fameuses première, deuxième, et troisième lignes. Ces invisibles qui ont tenu le pays à bout de bras, et qui pourraient eux aussi arborer un gilet jaune s’ils ne portaient pas déjà une blouse blanche ou un bleu de travail… Désormais, c’est à eux qu’Emmanuel Macron va devoir s’adresser et qu’il va devoir rassurer. Surtout s’il veut tenir sa promesse de campagne, qui consistait à « réconcilier les Français ».

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