Les élus locaux, échaudés par les mesures d’économies annoncées par le gouvernement pour les collectivités prétendent ne jamais voir les députés LREM sur le terrain.
Par Mathilde Siraud
Voilà ce que me disait un grand élu socialiste il y a quelques jours :
Ils ne pensent qu’à être à Paris, ils sont complètement hors sol et ne connaissent absolument pas les dossiers.
Même un cadre du mouvement s’en inquiète et partage ces critiques :
On les a biberonné pendant leur campagne, maintenant c’est à eux d’être présent sur leur territoire.
Dans la réalité, les députés macronistes – qui, on le rappelle, sont pour beaucoup issus du monde de l’entreprise ou du monde associatif – mettent au contraire un point d’honneur à rompre avec les méthodes des élus de « l’ancien monde »
Mais l’autre jour je discutais avec un très jeune député macroniste qui reconnaissait qu’il traînait un peu des pieds le samedi matin quand il fallait aller inaugurer une maison de retraite ou bien remettre des décorations à des anciens combattants : « cela m’ennuie terriblement » m’a-t-il dit.
Pour d’autres, la réalité est en fait plus compliquée. Comme il n’existe quasiment aucun élu local La République en marche, des députés macronistes se plaignent d’être mis à l’écart sur leur territoire. Dans certaines circonscriptions des députés expliquent qu’ils doivent se battre pour pouvoir avoir la parole, pour être invité à des événements, qu’ils sont littéralement méprisés par ceux qui sont en place depuis de nombreuses années. « Certains ont des logiques très partisanes, il faut réussir à se faire une place quand on n’a pas de réseau », constate, un peu dépitée, une députée de l’ouest de la France
Pourtant l’implantation locale est un sujet qui préoccupe Emmanuel Macron, et c’est d’ailleurs la mission prioritaire que se donne le mouvement. La République en marche cherche à identifier des nouveaux talents dans les villes ou bien convaincre des élus de porter les couleurs de La République en marche. Car les prochaines élections municipales, en 2020 ou 2021 si le gouvernement décide de les reporter, seront cruciales pour le chef de l’Etat s’il souhaite se représenter.
Les macronistes ont conscience de la difficulté. Un cadre de la majorité qui connaît bien la carte électorale m’expliquait l’autre jour « Certains exécutifs locaux seront très difficiles à faire tomber » .