Les Européennes, c'est l’élection idéale pour les écolos. C’est là qu’ils font leurs meilleurs scores. Voilà sans doute la raison pour laquelle les listes se colorent, curieusement, toutes de verts ces derniers jours…
A commencer par celle d’Emmanuel Macron. Elle vient d’obtenir le ralliement de l’écologiste Pascal Canfin, l’ancien ministre de Hollande. Il quitte son ONG – WWF - pour prendre la deuxième place de la liste. Une prise de guerre. Il avait déjà été approché mais il avait toujours refusé et il était encore assez critique il y a quelques semaines sur Macron. Il ne sera pas dépaysé, il va rejoindre d’anciens camarades d’Europe Écologie les Verts. C’est le cas de Pascal Durand, ex patron des Verts, un proche de Nicolas Hulot. Lui aussi, il a rejoint la liste. D’autres écolos ont sauté le pas, eux, pendant la campagne: Daniel Cohn-Bendit, François de Rugy, l’actuel ministre de L’Ecologie, Barbara Pompili, qui dirige la commission du développement durable à l’Assemblée. Le macronisme est une machine à recycler des écolos.
Dans la majorité, on vous expliquera que Macron, c’est l’homme qui a tenu tête à Donald Trump sur l’accord de Paris, que le gouvernement va fermer toutes les centrales à charbon, qu’on va sortir du glyphosate avant tous nos voisins. Mais il y a aussi un autre facteur, plus technique, qui entre en jeu. Les européennes, c’est une élection à un tour. Avec très faible participation. Ceux qui l’emportent, ce sont les camps les plus motivés. Ceux dont les supporters se déplacent vraiment aux urnes. Dans la pratique, on a ceux qui sont en colère contre Bruxelles: le FN qui l’a emporté en 2014, ou, à l’inverse, les pro-européens; pour beaucoup, il s’agit des écolos des centres-villes, des bobos. Ce n’est pas le gilet jaune révolté contre la taxe carbone.
C’est lourd de conséquences, à l'image de Yannick Jadot, la tête de liste des Verts a recentré son discours. Il se dit pragmatique, il dit du bien de l’économie de marché, de la concurrence, il ne veut pas être enfermé entre le PS et l’extrême gauche. Et avec ce positionnement, il monte dans les sondages! Il tourne autour du 8 points. Devant les autres. Du coup, il commence à être une cible à dégommer par les autres partis de gauche. Jean-Luc Mélenchon commence à taper sur Yannick Jadot. Il vient de lui consacrer un post entier de blog pour le dépeindre en type de droite, qui a retourné sa veste. Cette évolution prouve en tout cas une chose: l’écologie libertaire et soixante-huitarde, qui a dominé pendant des années, a bel et bien disparu.
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