Dans quelques semaines, la loi sur le non-cumul des mandats va entrer en vigueur. Mais les cumulards ne s’avouent pas vaincus.
- Jean-Baptiste Daoulas Journaliste à L'Express
Par Jean-Baptiste Daoulas.
C’est la conséquence de la loi votée par la gauche en 2014. A partir de juin 2017, les parlementaires n’auront plus le droit de cumuler avec un mandat de maire, de président de région ou de département. C’est une petite révolution dans la classe politique.
Parce que non seulement ce n’est jamais agréable d’abandonner un mandat que l’on a eu tant de mal à conquérir, mais en plus, ça peut même être dangereux de laisser un concurrent s’installer dans votre fief. Qui vous dit que la prochaine fois, ce n’est pas votre place qu’il essaiera de vous piquer ?
Alors, l’astuce, c’est de vous faire remplacer par un membre de votre famille. Comme le député maire UDI de Drancy, Jean-Christophe Lagarde. Il a déjà annoncé la couleur. S’il est réélu à l’Assemblée, c’est son épouse qui deviendra maire. Jean-Christophe Lagarde assure que pas un seul de ses adjoints n’avait le temps ou l’envie de le remplacer. Il n’y a que son épouse qui accepte de faire don de sa personne à la ville de Drancy.
Il y a un élu encore plus expert que Jean-Christophe Lagarde pour jongler avec ses mandats, c’est Christian Estrosi. Hier matin, pendant que l’on était tous scotchés devant les chaînes d’info à attendre la nomination du nouveau Premier ministre... Christian Estrosi, lui, il se faisait tranquillement réélire maire de Nice par son conseil municipal. Officiellement, pour servir les Niçois. Officieusement, c’est surtout pour marquer son territoire face à son rival Eric Ciotti, qui lui conteste le leadership sur la droite niçoise.
Alors, évidemment, pour redevenir maire, Christian Estrosi a dû démissionner de la présidence de la Région Provence Alpes Côte d’Azur. C’est la règle. Mais il a trouvé un tour de passe-passe pour rester dans la place. Il laisse son siège à son ami Renaud Muselier, et il reste président délégué de la région.
Christian Estrosi, c’est vraiment un orfèvre du cumul des mandats. Rappelez-vous. Déjà, en 2016, il démissionnait de son mandat de député pour être un président de région à plein temps. Et à l’époque, il s’était aussitôt représenté pour devenir le suppléant de la jeune femme choisie pour le remplacer.
Malgré les lois sur le cumul des mandats, les barons locaux ont encore de beaux jours devant eux. En tout cas, ils font de la résistance. Même Emmanuel Macron n’a pas eu les mains libres entièrement libres pour investir ses candidats aux élections législatives. Il a dû faire des concessions au maire de Lyon Gérard Collomb, au président de la région Bretagne Jean-Yves Le Drian. Chacun veut rester maître chez soi. Et le nouveau président n’a pas pris le risque de les affronter.