Emmanuel Macron a donc été élu Président de la République, à 39 ans seulement. Et le fait d’avoir un président aussi jeune est assez mal vécu dans la classe politique.
Par Jean-Baptiste Daoulas.
Vous connaissez l’adage de Talleyrand. “Quand je me regarde, je me désole, mais quand je me compare, je me console”. Sauf qu’aujourd’hui, en se comparant à un président de 39 ans, c’est le contraire. Les quadras ont l’impression d’avoir raté leur vie. Les quinquas, d’avoir laissé passer leur chance. C’est un vrai bureau des pleurs.
Prenez par exemple ce député socialiste qui a exactement l’âge d’Emmanuel Macron. Il me racontait son désarroi : “L’autre dimanche, à 10h du matin j’étais sous la pluie, devant un monument aux morts avec des anciens combattants, avant de partager un verre de mauvais kir à midi avec eux, et je me disais : ça fait 12 ans que je me fais chier à faire ça. Tout ça pour batailler dans l’espoir d’être réélu député, alors que Macron, lui, va aller à l’Elysée.”
Aux cinquantenaires, Emmanuel Macron donne aussi un coup de vieux
Quant aux quinquagénaires, ils espéraient enfin arriver aux avant-postes avec le départ de la génération Sarkozy-Hollande-Fillon. Mais Emmanuel Macron leur donne un coup de vieux. Regardez François Baroin, par exemple. Cela fait déjà 25 ans qu’il joue le rôle de meilleur espoir de la droite. Et si Les Républicains perdent les législatives en juin, il en reprend pour cinq années de plus dans l’opposition.
En 2022, François Baroin n’aura que 56 ans et en politique, bien heureusement, il n’y a pas de règles en matière d’âge. Mais, cependant, il y a des cycles. En 2007, les Royal, Sarkozy, Hollande et Fillon étaient de tous jeunes quinquagénaires. Ensemble, ils avaient profondément rajeuni la vie politique après les années Chirac-Jospin. La génération qui correspond au cycle Macron, aujourd’hui, c’est davantage celle de Najat Vallaud-Belkacem, Nathalie Kosciusko-Morizet, Matthias Fekl ou Gérald Darmanin.
Au Front National, Marine Le Pen menacée par un saut générationnel
Au Front National, certains estiment que même Marine Le Pen est menacée par un saut générationnel. “Avec Macron président de la République, tout le monde est un vieillard à part Marion”, m’assure un proche de Marion Maréchal Le Pen, convaincu qu'aujourd’hui, en politique, le fond compte moins que la forme.
Et il y a un autre député qui s’inquiète de l’âge d’Emmanuel Macron, mais pour des raisons financières, cette fois. C’est le socialiste René Dosière. Vous le connaissez, c’est LE grand spécialiste des dépenses publiques. Et il me disait que ce qui l'inquiète, c’est la future retraite d’Emmanuel Macron. Vous savez que l’Etat paye une pension, des collaborateurs, des bureaux et une voiture avec chauffeur à tous les anciens présidents de la République. Ça coûte cher. 2 millions et demi d'euros par an dans le cas de Valéry Giscard d’Estaing. Si Macron sort de l’Elysée, à 44 ans, je vous laisse faire le calcul. Pour René Dosière, ça appelle une réforme de la retraite des présidents.