

Pour faire la surprise, il faut se démarquer en tous points.
Par Marcelo Wesfreid.
Même si cela peut paraître superficiel, notez comment Mélenchon s’habille. C’était frappant, au débat, lundi soir. Tous les hommes étaient en costume. Mélenchon, lui non, il portait ce qu’on appelle une veste de couvreur, c’est une veste d’ouvrier à col cassé. C’est pas qu’un détail.
Sa stratégie de différenciation, il l’a aussi montrée lundi dans l’humour. C’est lui, qui est pourtant un colérique, qui a le plus ironisé. Ironiser, c’est prendre ses distances. Quand Hamon et Macron se chamaillaient, Mélenchon a fait rire tout le monde en disant que c’était « un débat entre socialistes ». Il a eu aussi cette sortie, savoureuse : les pudeurs de gazelle.
Et sur le fond ? Il veut une insurrection citoyenne, c’était déjà sa thématique en 2012, mais cette fois-ci, les gens éliraient une assemblée constituante pour réécrire la constitution.
La constitution, il la bourre de plein de choses. Il y mettrait le droit à l’IVG et même ce qu’il appelle la règle verte: un principe écologique. C’est l’interdiction de consommer plus de ressources naturelles que ce que la Terre peut produire.
Et son programme, c’est sur internet, par des vidéos sur Youtube, qu’il le popularise, pas via les médias habituels… Cela m’a frappé, samedi, à la grande marche entre Bastille et République : tous les cinq mètres quelqu’un arrêtait Liem Hoang Ngoc, l’économiste du mouvement pour lui dire: « merci pour vos vidéos… continuez. »
Mélenchon pensait que son originalité suffirait face à Hollande ou Valls. Quand il a appris que c’était Hamon, sur une ligne à gauche, et originale aussi, avec par exemple le revenu universel ou la lutte contre les perturbateurs endocriniens, il a pris un coup sur la carafe.
Mais là, dans la dernière ligne droite, il est à nouveau confiant, Mélenchon se dit qu’il n’y a que lui qui peut mettre des dizaines de milliers de personnes dans la rue, comme samedi. A 65 ans, c’est maintenant ou jamais.
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