"On ne fera pas de politique comme avant"

France Inter
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Hier soir, les leaders de gauche comme de droite se sont succédés à la télévision. Tous avec un même mot d'ordre : « on ne fera plus de la politique comme avant ».

Ils se sont vraiment le mot. Nicolas Sarkozy nous a dit : « j'ai entendu les avertissements des électeurs ».

Manuel Vals :« il faut apporter la preuve que la politique ne reprendra pas comme avant ».

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On peut aussi citer Xavier Bertrand dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : « Ce scrutin changera à jamais la façon de faire de la politique ».

Elections régionales
Elections régionales
© MaxPPP/EPA/Clément MAHOUDEAU

Peut-on considérer que la poussée historique du FN va changer la façon de faire de la politique ?

C'est flagrant. François Fillon, Alain Juppé, Bruno Lemaire n'ont pas du tout pris la parole hier pour lancer leur campagne sans attendre une seconde, non pas du tout. Ce n'est pas leur genre...

Et à gauche, quelle rénovation des pratiques ! Spectaculaire. Dans l'entre-deux tours, la gauche plurielle a refait surface.

Des familles politiques qui ne peuvent plus s'encadrer –les écolos, les communistes, le PS– se sont rabibochées in extremis pour sauver des postes.

Un seul exemple : dans les Pays de la Loire, on a mis en sourdine les grosses divergences sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes pour faire liste commune. Cela n'a pas été suffisant pour garder la région.

Après des régionales, il y a bien quelque chose qui a changé en politique.

Dans la soirée, j'ai appelé l'homme qui a été le directeur de campagne de Pierre de Saintignon (PS), dans le Nord-Pas de Calais-Picardie. Il s'appelle Christophe Lantoine.

Pendant plusieurs mois, il a organisé ses meetings et ses déplacements. C'est lui qui, le 9 décembre au soir, sur ordre de la Rue de Solferino, a été obligé, la mort dans l'âme, de débrancher la liste PS. Maintenant qu'il a du temps, Lantoine regarde la télé. Selon lui, voici ce qui a changé hier soir :

  • avec les énormes scores qu'elle a enregistrés, Marine le Pen est sûre d'être présente au second tour de la présidentielle
  • avec tous ses conseillers régionaux, elle n'aura maintenant aucun problème à trouver 500 signatures d'élus, pour être candidate.
  • enfin, il tirait une seconde leçon : le FN a fait le plein des voix, dès le premier tour. Et au second, il n'a pas perdu de voix. C'est donc bien qu'on est face à un vote d'adhésion. Et ce changement-là, ce n'est pas du vent.